dimanche 17 janvier 2021

Pokémon : mes starters préférés !

 Bonjour à vous, chers lecteurs !

J’espère qu’à force de parler des Pokémon et des jeux que je préfère, je commence à vous donner envie de lire Philosophe, Pikachu ! sorti en décembre dernier !


 Les liens, pour ceux que ça intéresse :

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Après les Pokémon légendaires et les jeux, j’aimerais aujourd’hui parler des starters (pour ceux qui ne connaissent pas bien les jeux, les starters désignent le Pokémon que vous choisissez pour commencer le jeu. Traditionnellement, les joueurs ont le choix entre un Pokémon eau, feu ou plante. Il existe quelques exceptions dans des versions spéciales (notamment Pikachu).

 

Liste des starters : Bulbizarre – Salamèche – Carapuce – Pikachu – Evoli – Kaiminus – Germignon – Héricendre – Arcko – Poussifeu – Gobou – Tortipousse – Ouisticram – Tiplouf – Vipélierre – Gruiki – Moustillon – Marisson – Feunnec – Grenousse – Brindibou – Flamiaou – Otaquin – Ouistempo – Flambino – Larméléon

 

Premier groupe : jamais choisis

Gobou – Tiplouf – Vipélierre – Gruiki – Marisson – Otaquin – Ouistempo – Larméléon

 

Soit parce que c’est un jeu auquel j’ai peu joué, soit parce que je ne l’aime pas trop, soit parce que ses concurrents sont très très haut dans ce classement. Oustempo et Larméléon sont les starters du dernier jeu sorti et que je n’ai fait qu’une seule fois pour l’instant. Otaquin et Gobou sont malheureusement en concurrence avec Brindibou pour l’un, Arcko et Poussifeu pour l’autre, et ces trois-là font partie de mes préférés.  Tiplouf est dans la version à laquelle j’ai le moins joué, Marisson aussi même si je ne suis vraiment pas fan de ses évolutions. Et Gruiki, qui évolue en gros nichons Grotichon, bof.



 


Deuxième groupe : la déception

Tortipousse – Flamiaou – Moustillon

 

Trois Pokémon dont j’aime beaucoup la forme de base (notamment Flamiaou <3) mais, dans Pokémon, les petites créatures mignonnes deviennent de gros monstres moches. Moches pas toujours, mais pour ces trois-là j’ai été très déçue. Le petit chaton trop mignon Flamiaou devient un catcheur, Tortipousse est mignon mais je trouve que Torterra ressemble trop à Florizarre, et j’adore Florizarre. Mais la pire déception que j’ai eu dans ma vie c’est Moustillon. Sa première évolution Mateloutre est géniale, très jolie, et l’évolution finale… je ne comprends même pas pourquoi. Il ne ressemble pas au précédent, il est moche, et ce n’est même pas un bon Pokémon pour les combats.

 

Troisième groupe : pas un souvenir incroyable

Ouisticram – Feunnec – Grenousse

 

Je ne vais pas m’étendre sur ces trois-là. Je les aime bien, sans plus, et ils n’ont pas accompagnés dans des parties de jeu mémorables. Ce ne sont pas non plus des jeux que j’apprécie particulièrement.

 


Quatrième groupe : la nostalgie

Carapuce – Pikachu – Kaiminus – Germignon – Héricendre

 

Bon ici on arrive dans les premières versions, et même si je n’ai pas d’autre raison de les adorer que la nostalgie, je saute de joie quand pas hasard ils sont disponibles dans les jeux plus récents. Les trois starters de la deuxième génération (Kaiminus, Germignon et Héricendre), je les connais par cœur et les ai tous pris plusieurs fois. Pokémon or est la première version que j’ai eue, j’avais 10 ans, et je me suis plusieurs fois retrouvée coincée dans l’aventure parce que je ne savais plus ce qu’il fallait faire. Alors je recommençais le jeu, avec un autre Pokémon, et je réessayait. Et j’étais bloquée de nouveau. Et je recommençais… La toute première fois, je n’avais même pas compris que je pouvais choisir et j’avais pris le premier proposé, c’est-à-dire Héricendre. Quand à Carapuce et Pikachu, même si je les ai eus plus tard dans le jeu, ce sont les Pokémon de la première saison de l’animé, alors on les aime forcément !

 

Cinquième groupe : Ceux que j’adore

Bulbizarre – Salamèche – Evoli –– Arcko 

 

On arrive dans la liste de mes Pokémon préférés (même s’il y en a beaucoup, mais sur 800 Pokémon existants… quelques dizaines c’est peu). Bulbizarre et Salamèche sont mes préférés de la première génération et quand j’y rejoue j’hésite généralement entre ces deux-là. Evoli, c’est celui de la version récente Let’s go Evoli. Même si je partage la déception de beaucoup de monde concernant ce jeu et le système de rencontre des Pokémon sauvage, j’ai bien aimé ce qui a été fait d’Evoli et de ses capacités spéciales. Et c’est un starter original, ce qui ajoute un point positif. Enfin, Arcko, de la 3G, que j’adore, et que j’hésite souvent à choisir, mais en général… je finis par craquer pour Poussifeu.



 


Sixième groupe : mes presque préférés

Brindibou – Flambino

 

Vous avez sûrement remarqué que les Pokémon de type eau sont très absents de la plus haute partie du tableau. Le seul moment où ils gagnent une place c’est par nostalgie… En général je préfère le type feu, mais il y a aussi pas mal de Pokémon plante que je trouve sympas, et en particulier Brindibou et son évolution finale Archédus, le Robin des Bois spectre (le type spectre en plus, j’adore !) Evidemment, le Pokémon footballeur Flambino allait forcément se retrouver dans le top 3. En fait je ne suis pas hyper fan de son design, mais il a quand même l’attaque Ballon brûlant qui est très belle à voir.



 


Et l’amour de ma vie… Braségali (Poussifeu)

 

Même si j’ai mis les noms des premières formes de starters, j’ai aussi fait le classement en tenant compte de leurs évolutions. Certes, j’aime bien Poussifeu, mais si je n’avais pris en compte que la forme de départ, il n’aurait pas été tout en haut. En revanche, Braségali… alors lui, il fait partie de mes énormes Pokémon coup de cœur, aux côtés de Mimiqui et Suicune. Je ne sais pas vraiment pourquoi, mais avouons qu’un énorme poulet avec un pantalon patte d’eph’, c’est quand même cool.

 

C’est terminé pour aujourd’hui, et j’espère trouvé d’autres occasions de parler encore de Pokémon, et de discuter avec vous sur vos jeux et Pokémon préférés !

vendredi 15 janvier 2021

Idées de lecture : la vérité

 

Le sens de vérité m’a toujours semblé assez clair. Une proposition vraie est une proposition conforme au réel. Il n’y a donc pas de sens à dire « c’est ma vérité, c’est pas la même que la tienne ». Pourtant, je vois cette phrase non seulement dans des copies, mais aussi séries, films, livres et débats politiques à la télévision. Alors faites-moi plaisir, après cet article : n’utilisez plus le mot « vérité » pour dire n’importe quoi. Si vous n’avez pas le même avis qu’autrui… ben vous n’avez pas le même avis, la même opinion, ou, si vous êtes un scientifique, la même thèse ou théorie. Mais la vérité est unique, et ce n’est pas parce que vous ne la connaissez pas qu’il n’y en a pas.

 

Une fois ces contresens écartés, en philosophie, nous nous intéressons entre autre à la question de la recherche de la vérité. Quelle méthode faut-il avoir ? Cette question fut dans les toutes premières de la réflexion philosophique, et certaines réflexion ont permis la création des sciences (physique, biologie, mais aussi psychologie, sociologie, etc.) Quels critères permettent de s’assurer qu’on a bien atteint la vérité ? Et comment se rendre compte qu’on est dans l’erreur ou dans l’illusion ? Il y a bien des événements ou des certitudes qui nous paraissent vraies, et ne le sont pas toujours. Distinguer ce qui est vrai de ce qui est vraisemblable est une première étape, et elle est loin d’être facile.

 

La plupart des livres que je vais présenter ici interrogent justement le problème de l’illusion : comment peut-on se rendre compte que ce qu’on croyait être vrai ne l’est pas toujours ? Il y aura une exception à ce thème, par laquelle je vais commencer.

 

Vous connaissez peut-être Le Cercle de Dave Eggers, adapté au cinéma avec Tom Hanks et Emma Watson. J’ai déjà parlé de l’un et de l’autre dans un même article dont je mets le lien à la fin. Le film a totalement occulté la réflexion sur la vérité, qui est centrale dans le livre. Le Cercle est une société qui veut rassembler toutes les informations sur la population, tout filmer, jusqu’aux moments les plus intimes, pour que plus rien ne puisse être secret ou inconnu. Plus de mensonge, plus de choses cachées, que la vérité, facilement accessible pour tous, et sur tous les sujets. Un projet qui va vite montrer ses failles : veut-on vraiment qu’autrui sache tout sur nous-mêmes ? Veut-on vraiment tout savoir sur notre passé, se rappeler tous les souvenirs même les plus mauvais, supprimer tout mystère ? Tout le livre tourne autour de cette réflexion. Pas le film. Donc si le sujet vous intéresse, c’est le livre qu’il faut lire !

 


Passons maintenant au thème le plus fréquent : la question de l’identification de la vérité. Plus fréquent, parce que des personnages qui errent dans les illusions sont bien plus faciles à mettre en scène que la recherche du savoir absolu. Commençons par Benzos de Noël Boudou. Le personnage principal de ce roman est addict aux somnifères. Mais bientôt, la frontière entre la veille et le sommeil ne sera plus aussi claire qu’elle l’est dans la vie quotidienne. Une belle mise en scène de ce passage bine connu des Méditations Métaphysiques de Descartes, où il reconnaît que l’existence des rêves, parfois très réalistes, met en crise la certitude absolue de l’existence du monde extérieur.

 


Dans le même thème que Benzos, plusieurs nouvelles de ce recueil de Julianna Lyn, Blessés. Ce n’est pas le thème général du recueil, qui présente plutôt des souffrances individuelles, mais certaines souffrances sont justement dues à une interprétation faussée de la réalité. Nous voyons le monde extérieur avec nos propres yeux et nous l’interprétons avec notre propre esprit. Seuls, isolés, absolument rien ne peut nous garantir que ce que nous croyons vrai l’est effectivement. Je retiens notamment « Dans les yeux du juge » et « La Disparition » qui sont sur le thème.

 


Pour finir, un roman directement en lien avec la philosophie, Aristote détective de Margaret Doody. Aristote est connu pour sa méthode très rigoureuse de réflexion et d’observation (et si vous avez vu une vidéo humoristique descendant Aristote en montrant toutes les erreurs scientifiques qu’il a pu faire, prenez-la avec du recul… Aristote a écrit des centaines de traités pour étudier la nature alors oui, sur des milliers de pages, on peut bien trouver 10 erreurs…). Dans ce roman policier, un jeune homme chargé de défendre son cousin accuser de meurtre va se tourner vers Aristote pour savoir quelle méthode il faut suivre afin de trouver la vérité sur ce qui s’est passé et révéler le véritable meurtrier.

 

Contrairement aux livres sur la liberté et le bonheur qui abondent, ceux sur la vérité sont plus rares et souvent bien plus intéressants. Commencez donc par cette liste, et si vous avez d’autres suggestion de lecture, ça m’intéresse évidemment !

Le lien vers les livres déjà chroniqués : Le cercle

 

vendredi 1 janvier 2021

Buffy saison 4 : Science et magie

 Bonjour et bonne année à tous !

Nos analyses des personnages principaux de la série est terminée ! Si vous ne les avez pas encore lus, voilà les liens vers les articles sur : Buffy, Faith et Kendra ; les grands méchants (partie 1) ; les grandsméchants (partie 2) ; Angel et Spike. Les deux prochains articles s’intéresseront à deux saisons dans leur globalité. Et aujourd’hui, pour commencer, nous allons nous intéresser à une saison qui est loin d’être la préférée des fans… et même si, moi-même, je ne l’avais pas beaucoup aimée en découvrant la série à l’adolescence, en la revoyant aujourd’hui, je la trouve très intéressante en de nombreux points.

 

Alors, c’est parti pour une analyse philosophique de la saison 4 de Buffy contre les vampires !

 

Buffy et Riley

Comme d’habitude, pour ceux qui ne connaîtraient pas, ou ceux qui n’ont pas revu la série depuis longtemps. Buffy arrive à l’université de Sunnydale avec Willow et Oz. Le lycée de Sunnydale a été détruit lors de la remise des diplômes précédente, Angel est parti vivre à Los Angeles, Buffy se retrouve seule avec une colocataire désagréable, loin de sa mère et de son Observateur, et peine à s’intégrer à la vie universitaire. Malgré son profil très peu scolaire, deux personnes vont croire en ses capacités et l’encourager à progresser : son professeur de psychologie, Maggie Walsh, et l’assistant de cette dernière, Riley Finn. Peu à peu, Buffy se rapproche du mystérieux Riley et découvre qu’il fait partie d’une organisation militaire secrète, dirigée par Maggie Walsh, et qui combat les démons. Ils ont, entre autres, capturé Spike et lui ont implanté dans le cerveau un puce qui l’empêche d’attaquer les humains. Mais la curiosité de Buffy dérange vite les projets du professeur Walsh, qui utilise les démons pour construire un être hybride (à la manière du monstre de Frankenstein). Elle tente de tuer Buffy, qui survit ; Riley se fâche contre Walsh. Juste après ces évènements, celle-ci est assassinée par Adam, la créature mi-homme, mi-démon, mi-machine qui s’est réveillée et enfuie. Buffy et son groupe vont donc devoir l’éliminer, mais il est bien plus puissant que leurs ennemis précédents, grâce à sa nature hybride. Par ailleurs, on découvre que Riley et les autres étudiants appartenant à l’Initiative sont eux aussi équipés d’une puce qui les rend dociles à leur chef, autrefois Walsh, à présent Adam. Pour réussir à vaincre cette créature puissante comme un homme, un démon et une machine réunis, Buffy fusionne avec ses amis Willow, Alex et Giles, et devient enfin plus puissante que le monstrueux Adam.

 

Cette saison introduit dans l’univers un élément qui n’était pas évoqué avant, et rattache mieux l’univers de Buffy à notre propre monde : la science. Une petite référence aux dangers de la technologie était brièvement apparue dans la première saison, quand Willow tombe amoureuse du garçon avec qui elle discute sur Internet, sans même l’avoir rencontré. Mais cet épisode visait à mettre en avant une problématique propre à l’adolescence et à l’usage des messageries Internet. Cette fois-ci, c’est la science en tant que discipline adulte qui est interrogée. N’oublions pas que cette saison marque un tournant : Buffy a quitté le lycée et l’adolescence. Elle entre dans le monde des adultes, et ce sont leurs problèmes à eux, les problèmes de l’être humain en général, qui seront symbolisés par les monstres à affronter. Dans l’affrontement entre Buffy et l’Initiative, il y a donc un affrontement sous-jacent, entre la science et la magie. Le don divin de Buffy rencontre la technologie la plus poussée. Et pourtant, Buffy et L’Initiative ont, dans un premier temps, un objectif commun : combattre les démons. Quels sont les liens entre science et magie ? En quoi sont-elles opposés ? Pourquoi l’Initiative prendra-elle le rôle de l’antagoniste ? Ce dernier point pourrait sembler contre-intuitif : la magie, la superstition et, pourquoi pas, la religion, semblent primitives et erronées, alors que nous voyons la science comme la modernité, plus proche de la vérité. Ce sont ces questions que nous allons aborder dans cet article consacré à la saison 4 de Buffy contre les vampires.

 

En général, on considère la magie comme irrationnelle, au même titre que les croyances en des créatures surnaturelles ou des superstitions. Comment peut-on rationnellement croire qu’en prononçant une formule magique, je pourrais faire apparaître des choses qui sont absentes ? Ou défier, par le simple pouvoir de mes mots et de ma pensée, la gravitation en faisant voler des objets ? N’est-il pas contraire à la raison de croire que chaque élément du monde est gouverné par des esprits, que les arbres, les fleurs, les pierres auraient une volonté propre et que l’on pourrait comprendre ou influencer ? Pourtant, dans cette façon sans doute délirante de considérer le monde qui nous entoure, la magie de rapproche de la méthode scientifique en plusieurs points. D’abord, le magicien suppose qu’il y a des forces à l’ordre dans la nature, un monde caché derrière les apparences. Je ne vois qu’un arbre là où se cache un esprit, je crois à une coïncidence là où il y a véritablement un lien de cause à effet. Effectivement, c’est là une autre croyance qu’a le magicien : les mêmes causes produiront toujours les mêmes effets. La même formule magique produira toujours la même chose. Autrement dit, le magicien pense, comme le scientifique, qu’il n’y a pas de hasard dans la nature. Enfin, ces mondes cachés derrière les apparences, ces forces qui régissent le monde, le magicien croit aussi pouvoir les connaître, les influencer, les contrôler. Et c’est bien ce que fera la science.

 

Maggie Walsh, professeur de psychologie et chef de l'Initiative

Ainsi, tout comme Buffy et l’Initiative, la magie et la science ont un objectif commun, ou plutôt deux : construire une représentation du monde régi par les lois, et d’autre part agir sur le monde, pour ne plus le craindre, pour qu’il soit moins dangereux. Nous reconnaissons ici pleinement les objectifs de l’Initiative : connaître les démons, ce pour quoi ils ont des laboratoires et font des expériences ; éliminer les démons ou du moins les rendre inoffensifs, pour rendre le monde moins dangereux. La science, en effet, en connaissant et prévoyant, par exemple, les phénomènes météorologiques, comme les tempêtes, les risques d’inondation, les baisses soudaines de température, permet de s’y préparer et de ne plus les craindre inutilement. De la même façon, l’entraînement de Buffy tient compte à la fois de l’action, dans ses entraînements physiques, et de la connaissance, qu’elle obtient notamment par Giles, quelquefois par Angel.

 

Mais la science, si elle a avant tout comme but de connaître et d’expliquer la nature, si son objectif premier devrait être la vérité, nous l’associons davantage, aujourd’hui, au progrès technique. Qu’appelons-nous science, dans le langage courant ? En premier lieu, nous pensons plutôt au progrès technique, à la technologie ou à la médecine. La science est devenue pour nous la technique scientifique. Pour le mathématicien et logicien Bertrand Russell, c’est une dérive de la science moderne que nous pouvons regretter. Dans Science et Religion, il dénonce le fait que la plupart du temps, la science ne se préoccupe plus de la connaissance pure, mais de l’efficacité technique. D’ailleurs, si une connaissance est inexacte, mais permet d’avoir des résultats efficaces, cela suffit à la science. Une scène de l’épisode 13 de la saison présente Buffy dans les rangs des soldats de l’Initiative. Alors que Maggie Walsh leur a demandé de neutraliser et rapporter un démon nouvellement arrivé en ville, Buffy pose énormément de questions pour savoir de quelle sorte de démon il s’agit, quelles sont ses habitudes, pourquoi il est ici… questions qui agacent les soldats et le professeur Walsh elle-même, puisque leur seul objectif est l’efficacité de l’action, et non une véritable connaissance, en profondeur, des démons.

 

Et ainsi, l’Initiative est non seulement moins efficace que Buffy, mais elle deviendra même l’antagoniste de la saison, et Adam, en partie machine, en partie technologie, est l’ennemi principal. On peut facilement comprendre que l’Initiative représente un mauvais usage fait de la science et de la technique. Mais en quoi s’oppose-t-elle à la magie, incarnée par Buffy, qui serait alors la « bonne » façon d’appréhender le monde ? Au-delà de la magie, nous pouvons considérer que Buffy représente la nature. Elle n’utilise aucune technologie, ni de « magie » au sens au nous l’avons définie plus haut (c’est Willow qui sera la sorcière de la série, et non Buffy). Si sa force physique lui a été donnée, elle semble cependant lui être naturelle. Elle ne combat avec rien d’autre que ses propres capacités et un pieu en bois. C’est donc la classique opposition entre nature et technique qui réapparaît dans cette saison. La technique veut imiter la nature ; plus encore, la technique veut surpasser la nature, en la contrôlant. La nature est l’œuvre de Dieu, la technique est l’œuvre des hommes : en voulant surpasser la nature, l’homme se prend pour un Dieu. C’est un excès qu’on appelait, en Grèce antique, hybris, et qui était puni des pires sévices (il en existe de nombreux exemples dans la mythologie gréco-romaine.)

 

Tel est bien ce que fait Maggie Walsh en essayant de créer la vie, Adam, comme le docteur Frankenstein dans l’œuvre bien connue. Elle le paiera de sa vie. J’ai déjà parlé de ce que représentait Adam dans l’article sur les grands méchants de chaque saison(partie 2). Si la question de la technique vous intéresse, j’en ai également déjà parlé dans cet article sur Le Livre de la Jungle de Disney. Technique et hybris sont également des thèmes fréquents dans la pop culture contemporaine, et j’en parle aussi largement dans mes deux livres Il en faut peut pour philosopher (sur Disney), Death Note : la philosophie de Kira et Philosophe Pikachu Je vous laissez donc le soin d’aller voir ces références pour la question de la technique. L’objet de cet article était plutôt l’opposition entre science et magie.

 

J’espère que grâce à cette analyse, vous prendrez plus de plaisir à revoir la saison 4, qui a, comme j’espère l’avoir montré, de grandes qualités. Le personnage de Riley, mal aimé lui aussi, est pourtant tout aussi intéressant que son contexte d’apparition : c’est le seul petit ami humain de Buffy, et sera vite confronté aux préjugés et aux clichés d’un homme plus faible que sa femme. C’est aussi la saison où Willow rencontre Tara, où Giles quitte son rôle de « père spirituel » pour se découvrir une vie privée, ce qui ne manquera pas de choquer Buffy. Cette saison affronte les lieux communs, les préjugés et les clichés de la vie quotidienne. Le méchant n’est plus un simple monstre, il est en partie humain, et est créés par les êtres humains eux-mêmes.

 

Le mois prochain, nous nous pencherons sur une autre saison. D’ici là, profitez bien de votre temps libre pour, pourquoi pas, revoir quelques épisodes de notre série préférée !