samedi 25 juin 2022

Combien d’heures travaillent vraiment les profs ?

 

Hello tout le monde !

Après une année entière d’enquête (c’est-à-dire de comptage rigoureux et systématique de mes heures de travail), je vais faire un petit article pour répondre à cette grande question : combien d’heures par semaine travaille un prof ?

 

Je sais que tout ce que vous allez voir dans cet article, c’est combien, moi, j’ai travaillé d’heures par semaine. Je sais bien qu’un exemple particulier n’est pas une preuve de quoi que ce soit. Mais ça peut quand même vous donner une petite idée. Je ne pense pas être un prof spécial ou exceptionnel, mais un prof comme les autres, donc ça a quand même un sens.

 

Je vais donc préciser quelques points qui me font penser que je suis bien un cas « moyen » :

- J’ai une matière qui demande beaucoup de préparations et de corrections. Forcément, en philosophie, les copies sont très longues. On peut avoir beaucoup de classes puisque le maximum d’heures sur une classe est de 4 (donc au mieux, on a 4 classes pour un agrégé, 5 pour un certifié). Si on compare avec une matière comme les maths où on peut avoir la même classe 6h par semaine, c’est possible de n’avoir que 3 classes pour un certifié, même si bien sûr, c’est rare : c’est un minimum). En l’occurrence, pour l’année où j’ai compté mes heures, j’avais 6 classes.

- Pour contrebalancer ça, il faut savoir que je suis quelqu’un d’extrêmement efficace. Je suis très organisée (je n’ai pas peur de dire que je suis névrosée de l’organisation) et très rapide en ce qui concerne les corrections. Pour prendre un exemple simple, lors des corrections du bac, je vois des collègues peiner à finir en une semaine, alors que j’ai déjà tout fait en 3 jours. J’ai donc besoin de peu de temps pour faire le même travail que quelqu’un qui en prendrait beaucoup plus.

- Je n’avais aucune heure supplémentaire cette année. Donc sachant que les heures que je vous présente sont pour 18h de cours effectifs, vous imaginez ceux qui se trimballent 21h de cours par semaine (sachant qu’on peut nous imposer deux heures supplémentaires, donc ce n’est pas forcément un choix qu’il conviendrait d’assumer…)

- L’écrasante majorité de mes cours ont été faits pendant les vacances d’été (c’est-à-dire : tous les cours pour le tronc commun étaient prêts, je n’ai rajouté que les exercices méthodologiques ponctuels et les sujets de devoir ; je n’avais aucune spécialité, donc pas de nouveau programme à faire dans l’urgence), ce qui signifie que j’avais nettement moins de choses à faire qu’un professeur découvrant ses classes la veille de la rentrée et n’ayant rien pu préparer avant.

- Enfin, ne croyez pas que je passe ma vie à travailler. J’ai beaucoup, beaucoup d’occupations et de projets : je fais en moyenne 6h de sport par semaine, j’écris des livres, je fais des podcasts et des vidéos et je prends des cours de maths et de physique-chimie. J’ai aussi un blog et un bookstagram grâce auxquels vous pouvez constater que je lis beaucoup. N’imaginez donc pas que je représenterais un prof qui se consacre entièrement à son boulot, comme il en existe.

 

Je vais d’ailleurs préciser ce que j’ai compté comme « heures de travail » :

- Les heures de cours

- Les heures de correction

- Les heures de préparation

- Les heures de photocopies, mails, réunions et autres tâches administratives (et il y en a beaucoup plus que je l’aurais cru avant de commencer à compter !)

 

Je n’ai donc pas compté, même si certains collègues avec qui j’ai discuté considéraient que ça faisait bien partie, en quelque sorte, de mon travail :

- La création des podcasts qui, même s’ils sont faits à destination des lycéens et en fonction du programme scolaire, n’étaient pas directement reliés à ce que je fais en cours.

- Mes recherches pour les livres de pop-philo, pour les mêmes raisons.

- Les vidéos de révision faites sur Tiktok pendant le mois avant le bac, bien que la plupart de mes propres élèves aient utilisé ce moyen de révision.

- Toutes mes heures de lectures « philosophiques. » Je me suis forcée pendant toute l’année à lire une demi-heure par jour un livre de philosophie, pour deux raisons : compléter ma culture personnelle, et trouver d’éventuels textes un peu plus originaux que les grands classiques à faire en cours. C’était donc en partie dirigé vers le travail, mais ce n’est pas comptabilisé dans les heures parce que je pars du principe que je le faisais plus pour moi.

En revanche, quand je trouvais un texte et que je prenais le temps de le recopier à l’ordinateur pour faire un stock, j’ai bien compté le temps que ça prenait.

 

Les heures ont été comptées de mi-septembre (je n’ai pas eu l’idée de le faire tout de suite) jusqu’à mi-juin. Je n’ai pas compté mes heures de correction de bac ni la préparation que je vais faire pour l’année prochaine (où, cette  fois, j’aurai la classe de spécialité, ça veut dire un nouveau programme entier à préparer pendant l’été, en plus des modifications à apporter à ceux du tronc commun).

 

Voilà donc la moyenne du nombre d’heures par semaine dans les périodes de cours : 34h

Pendant les vacances scolaires : 14h30

 

En fait, je trouve ça assez drôle que ce que les gens imaginent qu’un agrégé fait chaque semaine, c’est ce que j’ai effectivement fait pendant les vacances. Bon, je n’étais pas à 35h quand même, c’est vrai, mais j’ai aussi discuté avec des gens qui faisaient d’autres métiers. Précisément, je leur ai demandé d’estimer le nombre d’heures par semaine passé en pause, ou sur les réseaux sociaux, etc. Parce que les heures que j’ai comptées de mon côté sont bien des heures de travail effectif, si je traînais une demi-heure sur Twitter je n’ai pas compté l’heure. Et en fin de compte, on est pas si loin que ça.

 

La semaine où j’ai le moins travaillé est la semaine avant les vacances de la Toussaint (27h45) et ça correspond à une semaine où j’étais très fatiguée et où j’ai repoussé la plupart des choses à faire à la semaine de vacances, donc une semaine où j’ai activement essayé d’en faire le moins possible. La pire semaine (39h40), c’était à la rentrée des vacances d’hiver, où j’étais partie quelques jours en séjour à Paris, donc j’ai pris du retard.

 

Voilà, tout est dit. J’ai eu un peu la flemme de faire cet article qui en plus n’est pas une étude sociologique mais juste mon cas personnel, mais après avoir passé un an à compter toutes mes heures, je n’ai pas voulu effacer mon fichier sans en faire quelque chose. L’année dernière, j’ai demandé un temps partiel pour mener mes autres projets, donc ce ne sera plus le moment de compter des heures. C’était l’occasion où jamais. Je ne sais pas ce que vous aller faire de ces infos, mais j’espère que ça vous aura quand même intéressés !

 PS : Les vacances d'été étant presque finies, j'ajoute que je me suis imposée 3h de préparation de cours par jour en semaine, donc 3*5=15h, plus une ou deux heures le samedi ou le dimanche de temps en temps, on va donc dire 16h de moyenne. Je n'ai pris que dix jours de vacances sur le mois et demi d'été. Voilà !