mardi 18 août 2020

Neuroland : science ou politique ?

 Je commencerai par remercier la rédactrice du blog La Sorcière des Mots pour sa chronique sur ce livre, qui m’a immédiatement donné envie, et m’a permis de découvrir un roman d’un intensité que je trouve rarement !

 

La quatrième de couverture de Neuroland, écrit par Sébastien Bohler, annonce une histoire autour du terrorisme : après avoir échoué à faire parler l’un d’eux pour éviter un attentat, on se demande s’il ne serait pas utile de s’associer avec les scientifiques du centre Neuroland, qui sont sur le point de découvrir comment lire dans les pensées. L’avantage de ce synopsis, c’est qu’il ne dévoile rien… en effet, sur un livre de 600 pages, voilà le résumé des 20 premières : l’histoire prend un tournant tout à fait différent ensuite. De quoi décevoir certains lecteurs, j’en conviens, si cette thématique du terrorisme vous intéresse.

 

Voilà donc le résumé que j’en ferai, sans en dévoiler trop, mais pour donner une idée de la véritable histoire. Le roman est épais et complexe, et entrecroise les histoires de trois personnages principaux. Jacques, celui dont il est principalement question dans la quatrième de couverture : incapable de torturer un prisonnier détenant des informations sur un attentat, il se sent coupable des trois explosions qui ont eu lieu et des enfants morts sur les lieux. Sa quête de la rédemption va croiser le chemin de Franck, le meilleur élève de son master de neurologie, assoiffé de pouvoir et vert de jalousie envers son camarade de classe, Vincent. Vincent, lui, jongle entre sa mère malade, son besoin urgent d’avoir une bourse pour sa thèse, et son histoire d’amour. Les trois personnages vont convoiter le centre Neuroland : Jacques pour pouvoir arracher les informations aux terroristes sans les torturer ; Vincent pour travailler sur la maladie d’Alzheimer, dont souffre sa mère ; Franck parce qu’il n’y a rien de plus prestigieux et qu’il pense que tout ce qui est prestigieux lui revient de droit.

 

C’est une espère de Bon, brute et truand dans un univers de science-fiction : le bon Vincent, la brute Jacques, le truand Franck. Tout cela traversé de questions politiques des plus intéressantes : peut-on contourner la loi quand c’est nécessaire ? Le principe de précaution est-il toujours bon ? Et, plus en profondeur, des dilemmes moraux : faut-il respecter le devoir de ne pas torturer à tout prix, ou peut-on se permettre un calcul utilitariste ? Le pardon est-il possible, voire permis, face à des enfants tués sous les bombes ? Et surtout, de façon insidieuse et imperceptible, on voit comment un Etat de Droit commence à plonger dans le Totalitarisme, avec l’approbation des dirigeants et de la population…

 

Malgré sa complexité, Neuroland se lit très vite : j’avais je n’ai eu autant envie – non, besoin ! – de connaître la fin. Besoin, car lorsqu’on voit passer de telles magouilles, dans le domaine politique comme le domaine privé, on a besoin de savoir que les méchants seront punis à la fin. On a besoin de savoir que dans ce monde, qui produit des individus aussi monstrueux, il y a une justice. Non seulement je recommande vivement ce livre… mais pour une fois, je vais même affirmer que je vais lire d’autres livre de cet auteur !