dimanche 2 septembre 2018

Mes lectures du mois # D’Avril à la rentrée de Septembre


Entre écriture et obligations de fin d’année, je n’ai pas pu faire d’article avant les vacances, et ensuite je me suis dit que ce serait aussi bien de faire un long article avec toutes mes lectures. Ils sont toujours dans l’ordre de mes préférences, alors pour connaître mes goûts, allez plutôt vers la fin ;-)

L’art d’avoir toujours raison, Schopenhauer

Petit livre de vingt pages très amusant, mais prenez garde, ces vingt pages sont quand même plutôt difficiles. Il y a notamment un certain nombre de références à un livre d’Aristote que je n’avais pas lu, ce qui m’a empêché de tout comprendre. Il n’empêche qu’à peine la lecture terminée, on éprouve l’envie de tester quelques-uns de ces stratagèmes. Je pense toutefois qu’au lieu de nous montrer comment persuader, ce livre nous permet surtout de repérer chez les autres les stratégies rhétoriques qui visent à donner l’apparence du vrai alors que le discours n’a aucune cohérence ni aucun vérité.

Les mangeurs d’autres, Georges Guille-Escuret

Un livre sociologique qui étudie le cannibalisme, aussi passionnant que difficile à lire. Il est très long, très précis, et vraiment compliqué sur certains passages, plus à cause de la façon d’écrire de l’auteur que pour le contenu même. Un style très universitaire et qui, je l’avoue, m’agace un peu, parce que ça aurait pu être très accessible si l’auteur n’avait pas volontairement fermé son livre au grand public. Je ne regrette pas cette lecture pour autant, je regrette simplement de ne pas pouvoir la recommander.  

Numéro quatre, Pittacus Lore

Comme je me suis récemment replongée dans les lectures pour adolescents, pour voir ce qui se lisait en ce moment (même si celui-ci commence à dater), j’ai donc tenté numéro quatre, une histoire entre la Science-Fiction et le fantastique, que j’ai bien aimé. La structure de récit initiatique classique pour ado est suivie, alors l’ensemble est assez prévisible dès qu’on s’y connaît un peu en littérature, mais ça ne change rien au plaisir. Au contraire, c’est même beau de retrouver dans un roman de jeunesse les fondements de la grande littérature.

Médée, Jean Anouilh

Il est tombé entre mes mains, et je ne l’avais jamais lu. Au passage, je me suis aperçue que je n’avais rien lu d’Anouilh à part Antigone. Or, Médée fait partie de mes mythes préférés et la version d’Euripide du mythe est une de mes pièces préférées. La version d’Anouilh reflète bien le style et les habitudes de l’auteur : moins tragique (au sens littéraire et antique du terme), elle s’inscrit dans une ambiance plus contemporaine, et centre les dialogues non plus sur la folie et le destin, mais sur la haine du bonheur d’autrui et l’emprisonnement dans une certaine identité qui rend tout changement impossible. Mais le but ici n’est pas de faire une analyse. Sans jamais avoir été une fervente admiratrice de l’écriture d’Anouilh, de long passage sur le bonheur et la haine qu’il inspire à Médée valent le détour.

Professeur de philosophie. Entrer dans le métier (collectif)

Oui. Ça n’intéresse personne à part moi. Mais j’ai dit que je mettais là tout ce que je lisais. Et je l’ai lu. Et c’est bien. Et si certains veulent faire prof de philo, demandez-le moi.

Les coloriés, Alexandre Jardin

Trouvé dans une boite à lire (encore !), ce fut une belle surprise. Les coloriés sont une culture qui a renoncé à toute culture « adulte » : tout leur système repose sur le jeu, la simulation, ils refusent de prendre quoi que ce soit au sérieux et pourtant se sentent bien plus proches de la vérité que ne peuvent l’être les adultes, toujours en train de mentir ou de faire des fausses promesses. L’histoire est en deux temps, d’abord une coloriée se retrouve en France, puis un adulte rejoint l’Enfance, le pays des coloriés, et donne beaucoup de pistes intéressantes pour une réflexion sur la culture.

Rain, Au cœur de l’orage, L’œil du cyclone, Au-delà de l’arc-en-ciel, Virginia Andrews

Je me suis replongée en enfance (enfin… en adolescence) en lisant une nouvelle série de Virginia Andrews, un auteur que j’adorais à l’époque et dont j’avais déjà presque lu tous les livres. Je n’ai pas été déçue, loin de là, j’aime ses drames familiaux et la manière de les raconter. Je dois quand même admettre que c’est vraiment toujours la même chose et que j’avais deviné globalement le déroulement des 4 tomes après 10 pages. Mais si vous n’avez encore jamais lu cet auteur, il faut le faire, car vous aurez probablement de belles surprises. J’ai moi-même eu deux ou trois surprises sur l’ensemble des quatre tomes, mais j’ai été déçue par le dernier, qui a semblé d’abord prendre une tournure inhabituelle avant de retomber sur le bien-connu.

Janet, Crystal, Brenda, Rebecca, En fuite, Virginia Andrews

Malgré ce que je viens de dire précédemment sur l’auteur, j’ai tout de même lu une deuxième saga cet été. La structure variant complètement par rapport aux autres sagas, j’ai tout de même été surprise et j’ai bien plus appréciée celle-ci, qui m’a semblée plus originale (même si ce ne doit être qu’un effet dû au trop grand nombre de lectures des autres sagas de l’auteur…) Au lieu d’avoir une saga familiale, l’histoire d’un personnage central développé sur quatre tomes, la saga Les orphelines développe les histoire de quatre orphelines qui vont vivre de façon totalement différente le fait de ne pas avoir de famille et de se retrouver chez des parents adoptifs. J’ai eu un peu peur en lisant les trois premier du schéma extrêmement répétitif « gentil-papa-content-d ’avoir-une-fille » / « méchante-belle-mère-jalouse-de-sa-belle-fille », même si cette structure ne peut que rappeler les contes que nous connaissons bien. Toutefois, Rebecca fait exception à la règle. Janet et Brenda se ressemblent sur le fond, mais la façon d’aborder le problème est malgré tout très différentes et rend les deux lectures intéressantes.

Hate List, Jennifer Brown

Enfin une histoire horrible et traumatisante… mais en même temps tellement importante à raconter. Un lycéen, Nick, a ouvert le feu en plein déjeuner et tué un certain nombre de ses camarades, ainsi qu’un professeur, avant de se suicider. C’est le seul coupable, mais comme il est mort, on ne peut plus haïr personne... Alors c’est Valérie, sa petite amie, qui n’avait rien vu venir et sera pourtant tenue responsable de tout et détestée à sa place. Je me suis peut-être reconnue dans certains passages, sans pouvoir être plus précise, mais ce doit être ce qui m’a touché à ce point dans cette histoire. Valérie n’a jamais voulu tuer personne et n’a jamais eu de pensée suicidaire, elle n’a jamais vu les signes qui annonçait pourtant bien le massacre (pas plus que n’importe quel autre d’ailleurs !) mais elle se retrouvera quand même en psychiatrie à prétendre des troubles qu’elle n’a pas pour prouver sa volonté de guérir. Plus que le drame autour de la fusillade dans un lycée, qui peut bien sûr en intéresser plus d’un, je pense que la lecture peut surtout montrer à quel point les jugements que l’on porte sur les autres peuvent avoir des conséquences. Double jugement dans ce cas : en amont, le harcèlement de Valérie et de Nick qui ont conduit à la tragédie ; en aval, les jugements sur Valérie qui rende atroce sa réinsertion, alors qu’elle est autant victime que les autres, et souffre d’une double-peine.

L’échange, Alan Brennert

Une magnifique histoire de deux hommes qui en réalité n’en sont qu’un. Rick et Richard sont deux versions d’une même personne, dans deux mondes parallèles, qui se sont construit autour d’un choix crucial qu’a fait Richard Conchrane à un moment de sa vie : renoncer à l’enfant que portait sa petite amie pour devenir une star de Broadway, ou se marier avec elle et élever l’enfant dans sa petite ville. Rick et Richard, chacun empli des regrets de la vie qu’il n’a pas vécue, échangent leur place et ont enfin une chance de connaître ce qu’ils ont raté. Je crois bien que les dernières pages m’ont fait verser une larme. En tout cas, c’est une belle histoire, et une belle réflexion sur la liberté, l’importance des choix et le bonheur.

Effacée, Fracturée, Brisée, Teri Terry

J’en viens enfin à ce qui a été ma grande révélation de ma fin d’année scolaire (lue début juin). Il s’agit en fait d’une série de trois livres, et non d’un seul titre. Un roman jeunes adultes dystopique qui propose une nouvelle façon de régler le problème de la délinquance juvénile : tous les mineurs de seize ans ayant commis un crime sont effacés, c’est-à-dire que leur mémoire est supprimée et ils sont envoyés en famille d’accueil afin de commencer une nouvelle vie. Ils sont sous un appareil chargé d’indiqué leur niveau de bonheur : si trop d’émotions négatives les submergent, ils risquent la mort, et tout cela pour qu’ils ne puissent plus commettre le moindre mal. Chaque tome de la série apporte une grosse révélation qui va complètement bouleversé l’idée que l’on se faisait de ce monde, des groupes qui s’affrontent et du personnage principal dont la quête d’identité est primordiale. Moi qui suis plus que difficile en dystopie, et ai tendance à souffrir de celles qui sont le plus à la mode, je n’ai qu’une envie : mettre cette série-là en avant, parce qu’elle se distingue des autres. Je n’ai qu’un seul énorme regret, la toute fin qui fait appel à un Deus ex machina que je n’ai pas su justifier. Peut-être qu’une interprétation intelligente de ce dénouement m’aiderait d’ailleurs à y voir plus clair… si certains sont intéressés.