La saison 2 de
cette très belle série est sortie la semaine dernière, et elle a été à la
hauteur de la première. Je me demandais pourtant comment on pouvait faire une
nouvelle saison acceptable et intéressante sur une histoire terminée. Pourtant,
il fallait bien poursuivre la réflexion qui traversait toute l’histoire
d’Hannah Baker : la recherche de la vérité.
Au travers de ses cassettes, Hannah dévoilait à ses camarades de classe, dans la saison 1, des événements et des pensées qu’ils n’avaient pas imaginés. Elle dévoilait une vérité qui contredisait radicalement leurs croyances, auxquels ils ont eu tellement de mal à renoncer qu’ils l’ont immédiatement soupçonnée de mentir. La première saison de 13 reasons why montrait à quel point il peut être difficile de reconnaître la vérité, ou de l’admettre. Le problème de la vérité va être encore approfondi et incroyablement complexifié par la saison 2, qui met en scène le procès suivant le suicide d’Hannah. Dès la saison 1, on savait que ses parents s’apprêtaient à attaquer le lycée, qui laissait faire le harcèlement dont elle a été victime.
On pourrait
croire que la deuxième saison est à nouveau une recherche de la vérité.
N’est-ce pas l’enjeu de tout procès ? Déterminer quels ont été les faits,
reconstruire le puzzle en confrontant les témoignages ? Effectivement, des
témoignages vont être confrontés et de nouvelles informations découvertes. Mais
on se trompe si l’on croit qu’un procès a comme objectif d’établir la vérité.
C’est loin d’être l’objectif des deux avocats : le but n’est pas de
trouver la vérité, mais d’avoir raison. Le but de l’avocat n’est pas de savoir
ce qui s’est vraiment passé, mais d’interpréter les faits de telle sorte qu’il
serve sa cause.
La structure
générale de la série reflète l’attitude de Clay face aux discours des témoins
et des avocats, l’attitude que le spectateur lui-même peut être amené à
prendre. Comme Clay, nous avons cru aux révélations de la saison 1 : à
aucun moment nous ne nous sommes demandés si Hannah disait la vérité ou non,
nous y avons cru, parce que c’était le seul point de vue qui nous était donné.
Brusquement, nous entendons des discours différents, plus précis, parfois
purement et simplement contradictoires. Mais au début nous croyons Hannah, et
sa version des faits : quand des témoins comme Marcus disent des choses
contraires à ce qui a été raconté dans la saison 1, un flash-back nous montre
ce qui s’est vraiment passé, pour qu’on puisse distinguer la vérité du
mensonge. Tout ce que nous voyons au début, c’est que la vérité importe peu
pour l’avocate de la défense, qui saisit la moindre occasion pour déformer les
propos des témoins de la partie adverse.
Cette
construction se poursuit jusqu’à l’épisode très intéressant autour du
conseiller d’éducation, M. Porter. Alors que depuis le début on peut facilement
distinguer les vrais témoignages des faux grâce aux flash-back, pour la
première fois, on va voir des événements qui ne sont jamais arrivés : les
flash-back montrent en fait les regrets de Porter, la façon dont il aurait aimé
que les choses se passent, tandis que son discours rapporte ce qui s’est
réellement passé.
La pierre de
touche que l’on avait, les flash-back, deviennent alors une source douteuse.
Après tout, qu’est-ce qui nous prouve que les flash-backs précédents n’étaient
pas eux aussi imaginés ? Ce doute va se révéler terrible pour la suite, en
particulier pour l’épisode du témoignage de Bryce Walker, qui va contester
avoir violé Hannah en prétendant qu’ils sortaient ensemble. Or, loin que les
flash-back contredisent son témoignage, on voit Hannah et lui agir exactement
comme il le prétend. Nous n’avons aucun moyen de savoir s’il ment : Clay
lui-même en vient à douter également, et il faut s’accrocher au fait qu’il n’y
a aucun doute sur la réalité du viol de Jessica pour se rappeler que celui d’Hannah
n’a pas pu être inventé.
Le dénouement de
cette saison (du moins de l’épisode 12), n’est pas simplement pessimiste :
si la défense remporte le procès, si le lycée n’est pas reconnu coupable, cela
montre à quel point faire accepter la vérité est difficile, voire vain. Celui
qui s’en sort est tout simplement le meilleur avocat – le meilleur orateur. La
vérité n’a aucune force de persuasion, et c’est bien pour cette raison que sa
recherche est si difficile.
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