jeudi 23 avril 2020

Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers

Ce titre étonnant ne sera pas celui d’un article étrange... non, c’est le titre d’un roman de Björn Larsson. Premier roman suédois que j’ouvre, et pas loin d’être dans les dix premiers romans policiers que je lis, tellement je ne suis pas une habituée du genre. Même les classiques de Sherlock Holmes ou Hercule Poirot m’ennuient fermement. Tout ce qui m’intéresse est de connaître le meurtrier, et quand je le devine dans les premières pages, je n’ai plus qu’à attendre patiemment la fin pour passer au livre suivant… 
C’est ce titre assez étonnant et drôle qui m’a fait lire celui-là. Je ne me suis pas ennuyée malgré les problèmes cités précédemment... parce que ce super roman ne se résume pas au roman policier. Roman policier qui critique le polar, livre à succès qui dresse un portrait noir des éditeurs et des best-sellers, mais aussi essai sur la poésie, son rôle, ses formes... où se glissent quelques extraits de poèmes. Un mélange de genres assez inattendu mais remarquablement bien fait. 

Dans cette enquête, la victime et le policier sont des poètes. Les poètes morts n’écrivent pas de romans policiers, ou plutôt, si je tue le poète, il n’écrira pas de roman policier : Jan Y, poète “maudit”, comme on dit, un amoureux des mots salué par les critiques littéraires mais sans succès commercial, accepte d’écrire un roman policier qui sera un best-seller. Un poète qui croit en la poésie et n’a jamais couru après l’argent peut-il faire cette exception sans trahir tout ce en quoi il croit ? C’est la question que va se poser Jan Y lui-même, mais aussi son entourage. Mais ce roman policier n’est pas banal : un poète n’est pas là pour imaginer, mais pour faire ressortir les choses du monde qu’on ne voit pas. Jan Y va rester fidèle à sa façon d’écrire : son roman dénonce les grands noms de la finance et le blanchiment d’argent.  

Recherches sur des fraudeurs, trahison de son art, héritage conséquent suite à la publication de son roman... de nombreux mobiles, de nombreux suspects. Et c’est un poète qui s’en charge, poète qui se pose la même question que les autres : faut-il encore publier ce roman, maintenant que Jan Y a, grâce à sa mort, le succès qu’il mérite pour sa poésie ? 

Je suis mal placée pour juger de la qualité de ce roman en tant que polar... Mais ce qui est sûr, c’est que c’est un beau livre sur la poésie et la passion pour la littérature. 

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