Les Primas et les Nihils se font la guerre depuis bien
longtemps. Les Primas ont la peau noire, ils contrôlent le pays, ce sont eux
qui ont tous les droits. Les Nihils ont la peau blanche et sont contraints de
vivre dans une société totalement dirigée par les Primas.
C'est dans ce monde où les deux races n'ont pas le
droit de se mélanger que Callum McGrégor et Perséphone Hadley sont nés. Sephy
(Perséphone) est noire, fille de ministre et Callum, lui, est blanc, fils
d'ouvrier. C'est dans la tristesse, la douleur, la trahison, le mensonge et la
haine que leur relation va aller de plus en plus loin, jusqu'au jour où un
drame les sépare pour toujours.
Puisque je suis
incapable d’aimer le moindre roman – ou du moins de l’adorer, de vibrer, de
verser des larmes et d’en parler partout et à tout le monde – depuis que j’ai
lu celui-ci, peut-être est-ce le moment d’en parler avec plus de précision. Il
y a quatre livre dans cette série. J’ai déjà évoqué le troisième tome dans un
article précédent que vous pouvez relire à cette adresse : La Loi de Gaia, c'est quoi ?
Bien que j’aie
choisi, pour illustrer l’article, cette belle suite de couvertures des quatre
tomes juste parce que c’est joli, je voudrais m’étendre sur le premier, que j’ai
relu récemment. Mais aussi parce que le premier n’a pas son égal, et c’est
celui-là qui m’a suffisamment marquée pour que je devienne un vieil ermite de la
lecture. Vous l’aurez compris par le résumé : il s’agit d’une dystopie où
les noirs, appelés Primas, sont les maîtres alors que les blancs, ou Nihils,
sont d’anciens esclaves affranchis mais toujours traités comme inférieurs. Bien
sûr, il existe quelques métisses qui, s’ils ont de la chance, on la peau assez
foncée pour ressembler à des Primas, mais d’autres vivent avec les Nihils. Bien
que le retournement de situation par rapport à la réalité soit original, l’intérêt
du roman est bien loin de tenir sur ce point qui ne présente qu’une toile de
fond où va se construire une suite de drames impliquant en particulier la
famille de Callum. Le prologue du livre s’ouvre sur une amitié étonnante entre
les mères respectives de Callum et Sephy, tandis que les deux enfants s’amusent
dans le jardin, encore inconscients du monde politique. Mais le point de départ
de ce livre, c’est justement le moment où cette amitié se brise, quand Mme
Hadley renvoie Mme McGrégor qui travaillait pour elle. A partir de là naîtra
une haine incontrôlable bien que regrettée entre les deux familles, une haine
dont les deux enfants vont se tenir à l’écart.
On s’attend sans
doute à une histoire d’amour en lisant le résumé, et c’est le cas, mais elle
arrive tout de même bien tard du fait du jeune âge des protagonistes au début
de l’histoire (même si la toute première scène du premier chapitre, du point de
vue de Sephy, raconte leur premier baiser.) C’est en fait leur amitié qui va souffrir
tout au long du livre, bien avant la naissance du sentiment amoureux. Reste que
l’histoire n’est pas non plus centrée là-dessus : une bonne partie du
roman se centre sur la Milice de la Libération, un groupe de résistants Nihils
qui souhaitent l’égalité des droits, mais défendent leur position par des
attentats sur les Primas plutôt que sur des conversations. Très vite on
comprend que certains membres de la famille de Callum en font partie. Le jeune
garçon va donc se retrouver malgré lui entre les crimes de sa famille, la
police, les arrestations, les interrogatoires et les bombes, auxquelles il va
lui-même échapper de justesse, tout en essayant de protéger Sephy, son amie
Prima qui est largement visée par ces attaques, puisqu’elle est la fille d’un
ministre.
Les quatre
romans utilisent une narration alternée. Le premier raconte l’histoire du point
de vue de Callum et Sephy. L’enchaînement est parfait et la toute fin est
exceptionnelle. Le second livre est beaucoup plus intéressant sur ce point,
puisque l’histoire est racontée par plusieurs personnages qui ont des rôles
très différents. J’ai préféré le premier : je ne m’en cache pas et je ne changerai
jamais d’avis ; mais le second a cette force dans le nombre remarquable de
points de vue. La couleur de la haine
est la seule dystopie où, parfois, vous avez le point de vue du méchant :
vous voyez que le méchant n’est pas simplement l’enveloppe du « méchant »
mais qu’il a, comme tous les autres personnages, une intériorité, des
sentiments, des idées et parfois une logique imparable. Enfin, Le choix d’aimer ajoute l’originalité de
la chronologie, puisque tout n’est pas raconté dans le bon ordre, et que les
points de vue s’alternent en passant du présent au passé, de telle sorte que la
mystérieuse scène initiale prend tout son sens à la fin du récit.
J’ai lu le
quatrième tome bien après le reste de la trilogie et comme je n’avais relu que
le premier entre temps, certains détails me manquaient pour vraiment réussir à
m’y plonger. Je craignais un quatrième tome « inutile » : comme
je l’ai dit dans mon dernier article, la fin du troisième se passait de toute
suite. L’ambiguïté conservée sur deux éléments était parfaite, et j’avais peur
de découvrir ce dernier tome ; mais comme cette série était profondément
gravée dans ma tête et ma manière d’écrire, j’ai tout de même voulu replonger
dans une histoire et avec des personnages que j’étais sûre d’aimer. Et pour
tout dire, je n’ai pas été déçue, loin de là : l’écriture suffit à vite
replonger dans l’histoire, à pardonner cette suite là où la trilogie se
suffisait à elle-même, l’histoire est intéressante et pourtant très différente
des tomes précédents. La narration n’est alternée que pendant une partie du
livre, puis un seul personnage prend le relais. Je ne peux vraiment en parler
sans dévoiler ce qui se passe dans les ouvrages précédents, c’est pour ça que
je ne m’étendrai pas dessus.
Quoi qu’il en
soit, je recommande peu de romans, parce que je suis devenue trop difficile.
Même ceux que j’ai aimés, je leur trouve trop de défauts pour vraiment perdre
la tête quand j’en parle. Je n’en ai que quatre à conseiller : Entre chien et loup, Le couleur de la haine,
Le choix d’aimer et Le retour de l’aube.
Ils sont à lire, parce que c’est la plus belle histoire qui soit dans un roman
d’abord pour adolescents. Tout le monde peut les lire, tout le monde peut les
aimer, et peut-être que comme moi, vous passerez dans la rue tout ému en voyant
un jeune garçon blanc embrasser une jeune fille noire, parce que la seule
pensée qui vous viendra à l’esprit sera : « C’est Callum et Sephy !!!! »
(petite anecdote personnelle qui me fait sourire… et qui me donne envie d’embrasser
ces deux adolescents que je ne connais pas mais qui m’ont poussée à présenter
enfin et avec précision cette merveilleuse série qui m'a redonné goût à l'écriture au moment où je n'écrivais plus rien)
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