Ca
faisait longtemps que je n’avais pas eu un vrai coup de cœur à chroniquer,
alors je me réjouis de pouvoir faire cet article sur Jurassic Park de
Michael Crichton. Je me doute que vous connaissez l’histoire de Jurassic Park,
au moins l’histoire, ou au moins le film, mais pas forcément le livre. Au cas
où vous seriez enfermé dans une grotte depuis un million d’années, je le
précise quand même : c’est l’histoire d’un gars qui clone des dinosaures
pour faire un parc d’attraction. C’est vrai que le film est génial mais je n’ai
jamais été une énorme fan non plus. En revanche, je n’ai pas peur de dire que
le livre va se retrouver vite fait bien fait dans un cours l’année prochaine,
probablement sur la nature, la technique ou la science (Futurs élèves, vous
êtes prévenus).
Il
y a plusieurs petites différences de scénario avec le film mais je ne pense pas
que ce soit utile de les préciser, d’autant plus que ça risque de dévoiler bien
plus que de servir ce que j’ai à en dire. La fin m’a surprise, je ne dirai pas
en quel sens, mais j’ai beaucoup aimé. En fait, je crois même que connaître le
film m’a aidée à être surprise parce que je ne m’y attendais pas alors que j’aurais
pu mis attendre avec le livre seul.
Il y a deux points que j’ai particulièrement adoré. Tout d’abord, le fait que l’objectif du roman est très clairement de proposer une réflexion sur les limites de l’humain ; notamment de la technique face à la nature. Contrairement à Descartes qui disait que la technique nous rend « comme maître et possesseur de la nature », tout le roman va viser à démontrer qu’on ne l’est pas et que la nature finit toujours par nous échapper, parce qu’elle est d’une puissance totalement indomptable. Le débat que Crichton a indirectement avec Descartes est repris au travers de deux personnages :
-
John Hammond, le créateur du parc, qui prend la place de Descartes, et refusera
jusqu’au bout d’admettre qu’il y a un problème avec son parc et qu’il en a
perdu le contrôle. Il restera intiment persuadé jusqu’à la fin que tout ce qui
se passe n’est qu’un petit indicent, que son parc pourra ouvrir, que ce sera
une attraction formidable et que les dinosaures lui appartiennent pleinement.
-
Ian Malcolm, le « Cassandre » de l’histoire, qui dès le début (même
avant le début du livre puisqu’on apprend qu’à l’origine du projet il était
déjà là) dit qu’une catastrophe va se produire mais que personne ne veut
croire. Parce que c’est un mathématicien, un peu philosophe, et que de l’avis
de tous il est « perché », comme dirait mes élèves.
Et
l’opposition de ces deux personnages est le deuxième point que j’ai adoré. Par
ailleurs, la construction générale du roman est tout aussi intéressante, avec
les petits problèmes qui s’accumulent au fur et à mesure, entrecoupés de
chapitres ironiquement intitulés « Contrôle ». J’ai aussi été amusée
de lire les descriptions des dinosaures : toujours représentés dans des
teintes brunes, ici ils sont plein de couleurs, certains ont une peau semblable
à celle du léopard, d’autres ont des couleurs vives comme du rouge ou du bleu. C’est
d’autant plus amusant que quand j’étais en CM1, mon instituteur nous avait dit
que les dinosaures étaient peut-être roses à pois et qu’on ne le saurait
jamais, et je m’en souviens encore aujourd’hui.
Je
ne peux que recommander cette lecture. En tant que thriller, il est captivant. Il
ne faut juste pas avoir peur des passages théoriques sur le fonctionnement de
la nature et les théories mathématiques proposées par Malcolm, qui pourraient
en refroidir certains. Mais ce serait dommage, car l’ajout de cet aspect
scientifique en fait vraiment un ouvrage exceptionnel.
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