jeudi 23 février 2017

Comment aider les auteurs indépendants ?

A présent que je me suis familiarisée avec ce domaine et que je travaille depuis des mois à faire connaître non seulement l’autoédition, mais aussi les meilleurs auteurs autoédités, il est temps de rassembler en un article toutes les solutions qui vous permettront d’aider les auteurs indépendants. Je ne vous parlerai pas seulement de la façon dont les lecteurs peuvent les aider : le simple fait d’être lecteur de livres autoédités est déjà une aide considérable, car le principal obstacle que rencontrent ces auteurs est le préjugé du grand public, qui les considère spontanément comme de mauvais auteurs, ce qui n’est pas infondé, mais loin d’être exact, comme j’en ai parlé dans mon article Y a-t-il de bons livres autoédités ?
Ce dont je vais également parler, c’est ce qui selon moi manque dans ces efforts, toujours louables, de leurs lecteurs. Des petites choses qu’ils ne pensent pas à faire, ou qui simplement ne savent pas être d’une grande aide pour ces auteurs. Voilà donc un petit récapitulatif de tous ce que vous pouvez (et devez !) faire pour aider les auteurs indépendants que vous aimez, ou découvrir ceux que vous ne connaissez pas encore.

1.      Découvrir

Avant d’avoir des auteurs préférés, des auteurs que vous voudriez faire connaître, il faut bien évidemment sauter le pas et découvrir ces auteurs. Cela peut être difficile et inquiétant : c’est vrai, il y a un grand nombre d’ouvrage de très mauvaise qualité, et vous n’avez sans doute pas envie de dépenser même 2 euros (le prix moyen d’un e-book autoédité, alors que les versions numériques issues de l’édition traditionnelle tournent autour de 7-8 euros), alors par où commencer ? Pour cela, plusieurs moyens, que tous n’ont pas le réflexe de faire.

Première chose, pensez à télécharger les extraits gratuits proposés sur les sites de vente. La plupart du temps, 10% gratuits sont proposés sur les livres numériques, ce qui vous permet de vous faire une idée de base de la façon dont l’auteur écrit. Si vous avez peur du livre truffé de fautes d’orthographes, réputation habituelle, il ne vous faudra pas plus de 10% du texte pour vous en rendre compte. Alors si vous hésitez, prenez ces premières pages : même si vous n’avez pas le temps de les lire dans l’immédiat, cela vous permettra de garder ce livre en mémoire, et de se pencher dessus un peu plus tard. Evidemment, 10% du livre ne va pas beaucoup vous avancer, et peut très bien ne pas vraiment vous permettre de vous décider. C’est quand même une stratégie à adopter, et après tout vous ne perdez rien, seulement quelques minutes de votre journée, à essayer. Si vous n’êtes toujours pas convaincus, essayez de voir si l’auteur du livre qui vous fait hésiter n’a pas des textes gratuits. Beaucoup d’auteurs, par exemple, publient gratuitement sur Wattpad à côté de leurs romans autoédités. Pourquoi ne pas aller lire certains de leurs textes gratuits ? Vous verrez bien si vous aimez. Et si vous hésitez encore, lisez, lisez de plus en plus, profitez de tout ce qui est gratuit. Moi-même, par exemple, je distribue toutes mes nouvelles gratuitement : cela permet à n’importe qui de regarder sans risque ce que j’écris, et je trouve cela bien normal.

Mais encore ? Que pouvez-vous faire de plus ? Sachez d’abord qu’un grand nombre de blogueurs lisent et chroniquent des livres d’auteurs indépendants : alors si vous ne sauriez être convaincus autrement que par l’avis des autres lecteurs, je vous conseille également de faire un tour sur les blogs. De mon côté, je fais aussi quelques chroniques, uniquement sur les livres que je veux vraiment mettre en avant, c’est pourquoi il y en a très peu : le risque d’un blog spécialisé dans la chronique est le fait que vous risquez de vous perdre dans tous ses articles sans savoir où chercher. Ce problème ne se pose pas si vous savez déjà sur quel livre vous voulez avoir un avis. A ce sujet, je vous rappelle déjà que vous trouverez la liste de mes chroniques sur cette page : Chroniques (les romans autoédités sont signalés). Je vous conseille aussi le blog suivant, qui répertorie un grand nombre de blogs de lecteurs d’auteurs indépendants : Les Lectures de Mélanie. Un dernier conseil, si vous voulez découvrir des auteurs qui ont été sélectionnés, un peu à la manière d’un éditeur traditionnel si vous voulez, pensez à vous intéresser au magazine gratuit l’Indé Panda, dont j’ai déjà parlé à cette adresse : L'Indé Panda. Je vous y renvoie et ne m’étendrai pas de nouveau là-dessus. Petite remarque pour finir ce point : quand vous lisez les avis, apprenez à les lire, surtout les avis négatifs : vous savez qu’un livre ne peut pas plaire à tout le monde, mais vous savez aussi ce que, vous, vous aimez. Si vous aimez les livres un peu flous et compliqués, avec beaucoup d’intrigues qui se recoupent, et que vous aimez le plaisir de comprendre enfin, après des pages et des pages, ce qui était difficile à comprendre, ne tenez pas compte de la critique qui dit « on ne comprend rien, ce n’est pas assez expliqué. » Une telle critique peut bien apparaître comme une qualité pour vous ! Alors apprenez à lire les commentaires négatifs, parce que souvent ils dévoilent quelque chose d’intéressant, alors que les commentaires positifs trop enthousiastes ne disent pas grand-chose.

Enfin, pour vraiment découvrir mais aussi faire découvrir, n’hésitez pas à parler de l’autoédition à vos amis. Le meilleur moyen d’aider les auteurs indépendants serait encore de dissiper ce préjugé très français qui est que ce sont des sous-auteurs. Je dis « très français », parce que ce n’est pas aux Etats-Unis que l’on trouve ce problème : les auteurs indépendants sont largement lus, bien plus qu’ici, et personne ne s’en plaint. Alors, essayez de vous ouvrir, et parlez-en autour de vous. Sachez une chose : parmi tous les auteurs indépendants que j’ai lus, il n’y en a pour l’instant que deux que je retiens. Mais je préfère vous prévenir tout de suite : j’ai des goûts extrêmement limités en matière de littérature contemporaine, et il n’y a pas non plus beaucoup de livres que j’aime issus de l’édition traditionnelle. C’est bien pour changer, et essayer de découvrir autre chose que je me suis tournée vers l’autoédition, et je suis loin d’être déçue, parce qu’on y trouve, justement, de tout. Si vous aimez le style commercial grand public, fluide et facile à lire, ce dont j’ai horreur, vous trouverez votre bonheur aussi dans les auteurs indépendants : alors pourquoi limiter vos choix à l’édition traditionnelle, alors que vous risquez de passer à côté de quelque chose ? Si vous aimez la « grande littérature » comme moi, vous devriez aussi vous intéresser aux auteurs indépendants : parce que la grande littérature, vous le savez, ne se vend pas beaucoup, alors c’est difficile pour l’édition traditionnelle de prendre le risque de trop en publier. Ce sera difficile à trouver, c’est vrai : mais il y a aussi des auteurs indépendants qui aiment cette littérature.

2.      Soutenir les auteurs que vous avez aimés

Maintenant que vous avez découvert l’autoédition, des auteurs indépendants, une fois que vous en avez parlé à vos amis et à tout votre entourage, vous vous êtes constitué une liste d’auteurs que vous adorez, et vous vous demandez comment vous pourrez les aider en les faisant connaître. Très bien ! Voilà donc la deuxième étape de cet article, dans lequel je vais vous donner quelques conseils et vous faire découvrir quelques plateformes sur lesquelles vous pourrez vous engager. Je vais commencer par ce qui va vous paraitre anodin, ce qui est très loin d’être le réflexe premier de tous les lecteurs : laissez un commentaire sur Amazon. Cela vaut surtout si vous achetez sur Amazon, parce que c’est la plus grosse plateforme : mais laissez des commentaires, peu importe l’endroit où vous faites vos achats. Un article avec beaucoup de commentaires clients sera mis en avant par le site, et beaucoup plus regardé par les clients qui vont se précipiter sur les avis avant d’acheter, ne serait-ce que par curiosité.

Si vous avez un blog ou un site, évidemment, je vous suggère de faire une chronique : c’est apprécié des autres blogueurs, et n’y a-t-il pas de meilleurs lecteurs potentiels que les autres blogueurs ? Diffuser le titre d’un livre ou le nom d’un auteur sur internet, c’est le meilleur moyen de le faire connaître : à force d’entendre parler d’un livre, croyez-moi, on finit par vouloir le lire, surtout quand on voit que de plus en plus de personnes ont aimé. Si vous n’avez pas de blog, pas de panique ! Vous pouvez laisser un petit mot sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, il y a de nombreux groupes de partages de chroniques, d’avis, ou de reconnaissance des auteurs indépendants. Sur Twitter, vous devez absolument connaître le #JeudiAutoEdition, dans lequel vous partagez vos lectures autoéditées. Vous pouvez aussi utiliser le #MardiConseil ou le #VendrediLecture pour partager vos lectures préférées. Vous pourriez avoir l’impression que ce petit geste, au milieu de cette profusion de textes, livres et de chroniques ne servira à rien : mais c’est de petits gestes en petits gestes qu’on arrive à faire vraiment quelque chose. Pour les lycéens (et les profs), quelque chose que j'ai fait récemment : vous avez adoré un livre, pourquoi ne pas en parler au documentaliste pour qu'il le propose au CDI ? Le documentaliste ne sait pas toujours, à lui seul, quoi commander, et je vous assure qu'il sera ravi que vous lui proposiez des livres qui vous ont plu, parce que c'est vous qui avez le même âge que vos camarades et êtes le plus susceptibles de lui montrer ce qui sera lu. 

Enfin, je vais vous parler de quelque chose que je fais, parce que je pense que c’est le moyen le plus concret que nous avons de montrer notre soutien aux auteurs, et c’est également ce qui montre vraiment que nous voulons faire quelque chose. La plupart du temps, comme tout le monde, je profite soit des livres distribués gratuitement par les promos, ou des exemplaires gagnés lors d’un concours, ou j’achète au format numérique puisque ce n’est pas cher. Mais j’ai bien conscience qui si je passe mon temps à guetter les exemplaires gratuits, je n’apporterai jamais rien à l’auteur. Alors j’ai décidé de racheter systématiquement les livres que j’ai aimés au format papier : cela permet à l’auteur de vendre quelques livres papier, ce qui n’arrive pas souvent. On peut ainsi plus facilement montrer ou prêter le livre papier à des amis, car beaucoup de monde n’accroche pas encore aux e-book. Je sais bien, évidemment, que tout le monde n’a pas les moyens d’acheter tous les livres de la terre au format papier, et moi la première. Je ne vous dis pas de tout acheter : mais les livres que j’ai trouvés de très grande qualité, ou très prometteurs, je les ai rachetés. Très concrètement, depuis plusieurs mois que je ne lis plus que de l’autoédition, je n’en ai racheté que deux : Habeas Corpus de Victor Boissel, donc j’ai parlé ici : Habeas Corpus ; et La Rumeur de Solenne Hernandez, malgré tout le mal que j’en ai dit dans cet article : La Rumeur. Et histoire d’être cohérente, j’ai également acheté le tome 2 de La Rumeur au format papier (que j'ai lu et n'ai pas regretté, car même si je ne ferai pas de chronique, il était très largement meilleur que le premier). C’est par ce procédé que j’ai vraiment l’impression de faire quelque chose pour les auteurs indépendants que je veux faire découvrir et soutenir véritablement, parce que j’ai l’impression aussi, parfois, que quelques avis donnés çà et là ne sont pas suffisants, parce que le plus important reste de faire découvrir l’autoédition à ceux qui la jugent mal. Parce que je le répète, et je ne le répèterai jamais suffisamment : dans l’autoédition, il y a le pire, c’est vrai, mais il y a aussi, et de loin, le meilleur. 

jeudi 16 février 2017

La Rumeur

Nous voilà en place pour ce Jeudi spécial autoédition, comme tout les jeudi d’ailleurs, et c’est le moment de vous parler d’un livre autoédité dont il faut absolument parler ! Comme vous le savez, je ne chronique pas tout ce que je lis, loin de là, je me contente de parler de ceux qui doivent vraiment et absolument être découverts. Et aujourd’hui, je vais vous parler… ou plutôt vous reparler d’un auteur dont vous avez déjà entendu parler ici : L'Indé Panda


Il s’agit de Solenne Hernandez, auteur, dans l’Indé Panda, de la merveilleuse nouvelle « Je m’appelle Marion » que je vous incite très fortement à aller lire (n’hésitez pas, l’Indé Panda est gratuit !) et dont, comme je l’avais annoncé dans mon dernier article, j’ai acheté le roman, qui s’appelle La Rumeur, et dont le premier tome est La Fuite. Je vais vous le dire tout de suite, je n’ai pas adoré. Pas comme les autres livres que j’ai chroniqués ici. Mais alors pourquoi est-ce que je perds mon temps à en parler, pensez-vous ? Mais parce qu’il faut le lire ! Je n’ai pas adoré, c’est vrai, j’ai même été extrêmement déçue après cette magnifique nouvelle du même auteur, et malgré tout je pense avoir trouvé là, enfin, un auteur incontournable de l’autoédition, qui va redorer son nom. Je n’ai pas adoré, moi, personnellement, parce qu’il y a un certain nombre d’éléments qui me donnent envie d’arracher les pages (heureusement pour le livre, je l’ai lu au format numérique) et que je vais exposer par la suite. Mais dans ce roman qui est un des premiers écrits de l’auteur (il date d’il y a déjà plusieurs années, alors que la nouvelle qui m’a donné envie d’aller voir est récente), je vois aussi des éléments très intéressants, et quand je compare ce vieux texte avec le passage très récent dans l’Indé Panda, je me dis que j’ai enfin trouvé quelqu’un qui va devenir un très grand écrivain.

En général, je n’aime pas parler d’« amélioration », parce qu’un roman n’est pas une copie de philo et un auteur n’est pas un élève, il fait des choix qui lui sont propres et que je n’ai pas à critiquer. Je me permets de le faire exceptionnellement parce que j’ai discuté avec l’auteur avant, et qu’elle a bien reconnu les défauts de ce texte comme, justement, des « défauts » qu’il faut corriger, et qu’elle a visiblement corrigés dans ses écrits suivants. C’est pourquoi je me suis empressée d’acheter le deuxième tome pour le lire !

Quels sont donc ces éléments négatifs qui m’ont poussée à ne pas adorer ? Ce premier point est vraiment très personnel, et je pense qu’il n’a dérangé personne d’autre que moi à la lecture. En effet, le premier reproche que je peux faire, et qui m’est venu à peine au bout d’une dizaine de pages de lecture, c’est que c’est beaucoup trop commercial à mon goût. Ce qui n’est pas un défaut pour la notoriété de l’auteur, puisqu’il y a une espèce de condensé en un seul livre de tout ce qui plait dans les autres livres. Mais c’est bien ça le problème : les autres livres. On voit très clairement apparaitre les influences de l’auteur, qui a l’air de copier les livres qu’elle aime. Mais pas de panique ! Après tout, il faut bien commencer par imiter les « grands » avant de pouvoir s’en détacher, et ce n’est absolument pas un défaut, en tout cas pas pour un écrit qui a plusieurs années. Je peux d’ailleurs vous assurer que Solenne s’est bien détachée de ses modèles, si j’en crois ses derniers écrits, qui sont, cette fois, pleinement originaux, au sens où j’entends l’originalité.

Et donc, qu’est-ce que je trouve trop commercial, trop connu, trop attendu ? Commençons par cette liste hallucinante de mots qui prennent une majuscule : les Silhouettes, les Captifs, les Fuyards, les Chasseurs, les Errants, la Bouche…. J’en oublie ? Peut-être. Bon, ça m’énerve, mais c’est sans doute un problème psychologique qui m’est propre. Le seul que je trouve pertinent, parce qu’il est justifié dans le roman, c’est le mot de « Silhouette » : parce qu’on oublie que les Silhouettes sont des êtres humains à part entière, qu’ils ont une conscience, une âme, une faculté de choisir, et qu’elles sont réduites par ceux qui les appelle ainsi à de simple formes extérieurs, vides de toute individualité. Et c’est là une belle façon d’aborder la dictature : on ne voit plus d’individualité dans une troupe qui marche droit, tous au même rythme. Il n’y a plus Jean, Jacques, Paul, Pierre, Charles… il y a « les militaires » - ou, pour remettre en contexte, les « Silhouettes ». Cela étant, il n’y avait pas besoin de majuscule. Je trouve même que la majuscule donne du prestige, une personnalité là où, justement, il n’y a rien : que des formes. Même chose pour les autres termes, certains me semblent même en trop : je ne suis pas sûre que la dénomination de Fuyards et Captifs apporte vraiment quelque chose.

Concernant l’intrigue, elle aussi reflète le schéma ultra-classique de la dystopie actuelle. En gros, une dictature qui marche bien, puis quelques-uns qui se rebellent, puis tout le monde s’évade et se rebelle. L’ensemble est quand même très attendu et manque fortement de personnalité à mon sens. Certes, le fond est original ; mais c’est facile de trouver une histoire originale : ce qui est dur, c’est de faire quelque chose d’original à partir d’un fond très connu. Comme en peinture, il n’est pas difficile de peindre un paysage fantastique peuplé de créatures imaginaires : mais comme le disait Matisse, « je pense que rien n’est plus difficile à un vrai peintre que de peindre une rose parce que, pour le faire, il faut oublier toutes les roses peintes. » Le véritable artiste n’est pas celui qui a le plus d’imagination, mais celui qui sublime un objet bien connu. Le thème du rêve reste quand même un beau thème, qu’il aurait été intéressant d’exploiter, très intéressant même, et c’est bien pour ça que je fais une chronique : voilà une histoire qui aurait pu devenir une œuvre magnifique, mais qui me semble un peu trop recouvrir le schéma dystopique, sans oser s’en libérer.

En bref, si vous voulez vraiment savoir l’impression que me font ces points négatifs… ils me rappellent mes romans du lycée. Mais ce n’est pas un mauvais signe, loin de là ! Ils me rappellent mes romans du lycée, où j’écrivais le genre de livre que je lisais. Et maintenant, à l’inverse, je lis le genre de livres que j’écris. Et je vais dire quelque chose de complètement inutile : j’aime bien le genre de livres que j’écris. Il y a donc toutes les chances pour que j’aime les livres de Solenne. D’ailleurs, la déception que j’ai eue face au roman n’est pas si négative puisqu’il a été écrit avant la nouvelle que j’ai adorée. Il y a donc une belle progression, mais j’ai surtout vu des signes avant-coureurs dans La Rumeur, qui laissait présager de grands textes par la suite.

Voici donc ce que j’ai aimé dans la Rumeur et qui a eu l’effet de me faire acheter immédiatement le deuxième tome. Je me souviens tout d’abord de belles métaphores : il y a une belle écriture, qui apparaît de temps en temps, et qui sera déployée à son paroxysme dans « Je m’appelle Marion » (même si je suis sûre qu’il est possible de faire encore mieux !) Par ailleurs, l’énorme point fort de ce roman est sa structure. Je ne parle pas de la structure de l’intrigue évidemment, mais de la structure du texte : en réalité, il y a très peu d’avancement dans l’histoire, car le livre est essentiellement constitué de flash-back. L’intrigue n’avance pas : l’histoire est en fait une accumulation d’histoires de différents personnages, et là est la véritable originalité. Les personnages sont présentés les uns après les autres – ce qui permet, en plus, de ne pas se perdre, car à la fin il y a vraiment beaucoup de personnages – et un chapitre flash-back raconte ce qui leur est arrivé jusqu’à ce point, ce qui permet aussi de faire le lien : le livre n’est pas juste une liste d’histoires sans rapport entre elles, on reconnait dans chaque récit quelque chose qui appartenait à l’histoire d’un autre.

Je n’ai peut-être pas dit grand-chose de positif, et pourtant je recommande très fortement cet auteur : parce que tout ce que j’ai dit de négatif concerne en fait le fond, et vous savez que je considère toujours la forme comme primordiale sur une œuvre littéraire. Parce que c’est le propre de la littérature : étudier la façon d’écrire, et non les idées. Alors, laissez le contenu à la philosophie et dans un roman, lisez les mots.

lundi 6 février 2017

Le Challenge 1000 pages: Compte-rendu

Nous voilà lundi, et ce week-end j’ai tenté le challenge 1000 pages, ce challenge répandu chez les blogueurs littéraires et qui m’a donné une folle envie de me remettre à la lecture intensive, comme je faisais quand j’étais au collège et au lycée, et comme… je ne suis plus du tout capable de faire. Non, je ne peux plus faire ça : je ne sais plus passer le week-end à lire sans m’arrêter, parce que ça m’ennuie :-D Malheureusement, après une matinée à lire, un livre que j’adore en plus puisque j’ai commencé par les Propos sur le bonheur d’Alain dont j’ai déjà parlé dans cet article : Les Propos sur le bonheur, je me suis complètement lassée. Ce n’est pas la lecture en elle-même qui m’ennuyait : mais j’avais une terrible envie de sortir, de faire un peu de sport, d’écrire et de travailler un peu. Bref, j’aime faire plein d’activités dans la journée et je n’ai pas pu me concentrer sur une seule.

Alors, combien de pages ai-je finalement réussi à lire, vous demandez-vous ? Je dois dire qu’entre le ménage, les séances de sport, la cuisine et deux trois sorties spontanées… je suis tout de même arrivée au score honorable de… 574 pages. On est loin du compte, oui, mais j’ai quand même dépassé la moyenne, et j’ai vite compris que ce serait mon objectif et le seul atteignable, puisqu’au bout d’une matinée j’étais déjà « soûlée. » Oui, voilà, « soûlée », c’est exactement le mot ! :-D

Mais parlons quand même des livres que j’ai lus, puisque le but était quand même de découvrir de nouvelles choses. Je rappelle donc la liste de mes livres :

• Alain, Propos sur le bonheur
• Euripide, Hélène
• Huxley, Île
• Nietzsche, Aurore

J’ai lu les deux premiers, bien entamé Huxley et commencé Nietzsche. Voilà pour le compte-rendu plus détaillé. Relire Alain avait un lien avec le travail, j’avais besoin de le relire pour préparer un cours, mais cette relecture ne m’a pas fait de mal aussi pour moi-même. J’ai redécouvert des textes que j’avais oubliés et qui pourraient bien me servir pour les prochains écrits ! Il se peut fort qu’une nouvelle citation d’Alain apparaisse en tête de chapitre d’un prochain roman.

Concernant Euripide, je ne regrette vraiment pas cette lecture (je précise tout de même que c’est une pièce de théâtre) parce que je ne connaissais pas du tout, ni la pièce ni cet aspect du mythe. J’aime beaucoup Euripide en général, pour le texte, mais cette fois j’ai vraiment été surprise par l’histoire. Cela ne ressemblait pas aux autres pièces plus connues (Iphigénie entre autres), quoi qu’il y ait toujours cette place donnée au problème du double (Hélène se retrouve dans une situation ambiguë suite à la création d’un fantôme qui lui ressemble par Héra, de même par exemple qu’Iphigénie est remplacée par une biche – je crois, mais peut-être que je confonds avec Blanche-Neige ^^ - juste avant d’être sacrifiée).

Et pour les deux autres, évidemment Nietzsche… ben c’est Nietzsche hein, très amusant à lire (oui, oui : amusant), vu qu’il critique à peu près tout ce qui lui passe sous la main. J’ai eu une bonne idée de le commencer et je vais m’empresser de le poursuivre et de le terminer ! Et le dernier, Île, dont j’ai lu une bonne moitié, est moins intéressant que le seul autre Huxley que j’ai lu, Le meilleur des mondes, mais je passe un bon moment de lecture quand même.

Finalement, je ne suis pas mécontente d’avoir tenté ce challenge à 1000, puisque ça m’aura au moins permis de découvrir une nouvelle pièce d’Euripide, et de commencer deux livres, même si je ne les ai pas encore terminés.


Conclusion : je ne ferai plus de challenge 1000 pages !