Pour changer un peu, je vais
présenter un livre qui s’adresse à un autre public que celui que je vise
habituellement. Sohane l’insoumise d’Eric Simard est un petit roman de
science-fiction / aventures que je recommanderai plutôt à des collégiens (on
peut aller jusqu’à 16-17 ans, au-delà je pense qu’il y a plus intéressant).
Comme souvent, je l’ai trouvé dans une boite à livres, je l’ai lu comme ça, par
hasard, et alors que la lecture m’a plutôt ennuyée, depuis que je l’ai refermé,
je n’arrête pas d’y penser. La narration trop rapide pour moi, qui aime quand
ça prend du temps, referme en réalité une quantité étonnantes de
questionnements sur des sujets très profonds, tournant autour de la culture et
de la religion.
Au départ, j’étais plutôt
inquiète, un titre et un résumé me
faisait craindre un récit assez caricatural, mais ce n’est pas le cas. Au
départ, nous trouvons Sohane, une femme originaire de la planète Kerphall,
appartenant à un extrémiste qui est chargé de la « rééduquer » :
sur cette planète, les femmes sont inférieures et esclaves. C’est de façon
assez ironique qu’un homme, un sauveur vient la tirer des griffes de ce
monstre misogyne et intolérant : ironique, car le sauveur n’est pas un
grand défenseur des droits des femmes. Au contraire, c’est un « modéré » :
il n’approuve pas la torture, mais possède trois femmes qui le servent et font
ses tâches ménagères. Alors qu’il part pour une expédition vers d’autres
planètes, Sohane s’invite sur sa navette, et ils vont tous les deux traverser
des peuples aux traditions très différentes des leurs.
Deux thèmes majeurs vont
revenir et être interrogés lors de leur visite d’autres cultures : le lien
entre hommes et femmes, et la religion. Dans cette sorte de réécriture jeunesse
et SF des textes de la renaissances (type Lettres persanes, Supplément au
voyage de Bougainville…), Sohane et son compagnon Elam, en rencontrant l’Autre,
vont être amenés à réinterrogés leurs propres traditions. Si au départ, pour
Elam, il serait inconcevable que la femme ne soit pas soumise à l’homme (bien
qu’il se refuse à les faire souffrir), il va rencontrer une tribu dirigée
uniquement par des femmes, une autres où l’égalité est dans l’ordre des choses.
Mais en arrière-plan, c’est la religion qui est questionnée. La religion
devient tantôt un prétexte pour asseoir l’autorité de certains, tantôt la
justification de sacrifice humain, tantôt une véritable aide dans la quête de
soi et de l’harmonie.
Si la narration, l’histoire et
le langage sembleront peut-être trop faciles pour des lecteurs habitués à autre
chose, je le recommande toutefois vivement à tous les adolescents entre 12 et 16
ans. le roman est plutôt court (moins de 200 pages), de quoi motiver les plus inquiets ! L’aventure leur sera agréable à suivre, et la prise de conscience des personnages
sur leurs préjugés leur sera tout aussi bénéfique.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire