Alors
que ma première lecture d’un « conte interdit » fut hasardeuse, j’en
entends de plus en plus parler, avec des avis très divergents, adorateurs de l’horreur
d’un côté, surpris de l’autre. Pourtant, c’est bien écrit sur les exemplaires :
pour public averti, interdit aux moins de 18 ans. Après ma première expérience
(qui était la réécriture très gore de raiponce), j’avoue que je
craignais un peu d’y retourner. Je craignais d’autant plus de lire celui-ci en
particulier, Hansel et Gretel, que j’ai eu une chance inouïe de trouver
d’occasion chez un bouquiniste.
Pourquoi
inouïe ? Parce que ce livre n’est plus en vente : il a été censuré.
Oui, la censure existe encore, et l’auteur est en procès. Mais pourquoi ?
Un livre d’horreur, un livre gore n’est pas un crime. Il y a pourtant quelque
chose qui a dérangé. Voilà ce que je savais avant de lire Hansel et Gretel :
« des scènes de pédophilie explicites » Voici donc ce qui n’a même
pas le droit d’exister en littérature. Et qui justifie un procès !
Comme
plusieurs autres auteurs avant moi, des auteurs sans doute bien plus influents
mais peu importe, c’est l’intention qui compte, je vais défendre l’auteur. D’un
côté, je l’ai toujours défendu : à aucun moment je n’ai imaginé qu’un
procès puisse être justifié dans cette situation. Dans le doute, j’ai quand
même préféré lire le livre entier avant de me prononcer.
Reprenons
depuis le début avec un résumé. En rentrant un soir, Alice découvre son
compagnon en train de violer sa fille Margot. Après l’avoir agressé et laissé pour
mort, elle fuit avec Margot et son frère jumeau Jeannot. Malheureusement, cette
fuite les mène tout droit vers une secte satanique qui a trouvé refuge dans une
église. Le prêtre de cette église, après s’être débarrassé de la mère, enlève
les jumeaux qu’il croit être les élus d’une prophétie censée amener l’antéchrist
sur Terre.
Voilà.
Comme vous le constater, une histoire bien glauque. Mais c’est quand même un
livre d’horreur. Et malheureusement, bien trop réaliste. Oui, le livre est atroce.
Mais la pédophilie est atroce, et elle existe. Les sectes existent aussi,
malheureusement, les viols, l’inceste, les sacrifices d’animaux totalement
inutiles… et même si ça peut choquer, je ne vois pas pourquoi il ne faudrait
pas en parler. Quant aux « scènes pédophiles explicites », soyons
clairs : il n’y en a qu’une, les autres sont sous ellipse. Or, si la toute
première est effectivement explicite, ce procédé me semble tout à fait justifié :
la mère entre dans la chambre, elle voit le spectacle horrible qui est décrit,
et n’arrive plus ni à réagir, ni à détourner les yeux pendant un moment. Elle
nous entraîne dans ce qu’elle voit, par cette description précise,
insupportable, et qui rend effectivement mal-à-l’aise. Mais grâce à ce malaise,
je trouve que nous vivons bien la réaction d’une mère qui voit son enfant se
faire abuser.
Polémique
mise à part, j’ai bien aimé ce livre. Un côté trop réaliste, et en même temps
légèrement fantastique, quelques références à d’autres contes insérées de temps
en temps, et une détresse vraiment bien mise en scène. Le texte est, en outre,
très bien écrit. Malheureusement pour ceux que ça intéresserait, il sera dur à
trouver (400 euros les versions d’occasion sur Amazon !) J’espère
néanmoins de tout cœur que l’auteur s’en sortira et que le livre paraîtra de
nouveau.
Je vois mieux oui. Même si on est sensible, la censure n'a pas de sens, comme tu dis, ça existe, donc ça se dénonce, d'une façon ou d'une autre, et quel meilleur moyen que de le décrire ? Sinon ça reste dans le domaine du fantasme, de l'imaginaire, et donc, ça n'existe pas.
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