Les footballeurs n'ont pas fini de passer le bac ! Voilà le deuxième sujet, après L’homme politique doit-il chercher à être efficace à tout prix ?
(Amérique du Nord, série S)
Est-ce le corps qui produit la pensée ?
Lorsqu’on est
footballeur, on doit se servir de son corps, c’est une évidence. Mais il faut
aussi se servir de son esprit. Le problème, c’est qu’on croit souvent que les
footballeurs n’en ont pas beaucoup et qu’ils ne sont pas très intelligents. En
réalité, ils ont peut-être un esprit différent du nôtre. Nous allons donc nous
demander si c’est le corps qui produit la pensée des footballeurs. Nous verrons
dans un premier temps que le corps est important, ensuite que des fois le corps
ne marche pas bien, et enfin qu’il faut essayer de construire sa pensée tout
seul sans le corps.
I/ C’est le corps le plus important dans la vie
Premièrement, il
faut remettre en question un préjugé. On croit que les footballeurs n’ont pas
d’esprit, qu’ils se servent uniquement de leur corps. Mais c’est parce qu’on ne
se rend pas compte que l’intelligence des footballeurs est à l’intérieur de
leur corps. Il n’y a que quelques philosophes qui s’en sont rendu compte par
une analyse très précise, comme Michel Hidalgo, qui dit : « Même ses
pieds sont intelligents », c’est-à-dire que non seulement il a bien de
l’intelligence dans son corps, mais jusqu’aux pieds, l’organe le plus éloigné
du cerveau pourtant. Mais ce n’est pas parce qu’ils ont de l’intelligence dans
les pieds qu’ils n’en ont pas aussi dans la tête. Comme l’a dit Thierry
Roland : « Ce joueur-là est loin d'être manchot de la tête ! »
C’est donc un préjugé de croire qu’ils sont manchots de la tête, seulement
parce que leur intelligence est répartie dans tout leur corps, contrairement
aux gens normaux.
Ce qu’il faut
savoir, c’est que tout le monde est différent alors il ne faut pas juger les
autres. On ne sait jamais où est l’intelligence dans le corps. Comme dit Mourinho :
« Des fois nous voyons des personnes jolies sans cerveau, d’autres fois
des personnes moches qui sont intelligentes, comme les scientifiques. Sur notre
pelouse, c’est un peu comme ça ! » L’apparence du corps détermine le
niveau d’intelligence, parce que c’est le corps qui produit la pensée.
Enfin, tout le
monde est capable de se rendre compte que les problèmes que rencontre notre
pensée a un lien avec le corps. Lorsque l’on est devant une situation
difficile, on a tendance à dire, à l’image de Ribéry : « On a dur,
franchement on a dur. » Mais
« dur » désigne une sensation physique. Les situations difficiles
pour la pensée sont donc d’abord ressenties par le corps. Nous avons donc bien
montré dans cette première partie que le corps est important, maintenant nous
allons voir les limites du corps.
II/ Mais des fois le corps marche pas bien
Nous allons
commencer par prendre des exemples pour montrer que le corps ne marche pas
toujours très bien. On peut commencer par Ribéry : « Au niveau des
sensations, je n'ai rien ressenti. » Le corps est censé pouvoir
transmettre des sensations à la pensée, mais là le corps de Ribéry n’a pas bien
marché. Autre exemple, Charles Biétry : « Il ne faut pas avoir la
main qui tremble pour détourner ce coup franc, mais il ne faut pas avoir non
plus le bras qui tremble, ni la tête qui tremble, pour prendre ses appuis ! »
Là c’est un cas très compliqué, parce qu’il faut prendre ses appuis et
détourner le coup franc, mais si le corps tremble, on ne pourra pas le faire.
Mais nous pouvons trouver encore un exemple beaucoup plus grave, celui de Jean-Michel
Larqué : « Le tir est passé entre les pieds, à hauteur de la hanche ! »
On constate ici un corps complètement déformé, et on peut supposer que la
pensée devient difficile avec un corps tordu à ce point.
Il arrive donc
que le corps ait des imperfections. Mais le souci, c’est aussi que le corps
n’est pas toujours ce qu’on espère, et aussi qu’on ne peut pas l’utiliser pour
faire n’importe quoi. Même si un corps en bon fonctionnement est essentiel pour
vivre, et pour faire face aux situations, il ne peut pas non plus être utilisé
pour n’importe quoi, notamment pour être mangé. C’est ce qu’avait bien compris Louis
Nicollin quand il disait : « On va pas se couper le cul en rondelles
pour faire du saucisson. » Si Intermarché est fermé et qu’on veut manger
du saucisson, on a beau avoir un corps qui nous permet de marcher jusque-là, il
faudra faire l’impasse sur ce désir.
Le dernier
problème, c’est que les facultés du corps sont encore mystérieuses et on ne les
connaît pas toutes. Le cerveau, en particulier, est très complexe. Mais en
pensant sans arrêt au cerveau et à sa complexité, nous oublions souvent que les
autres organes aussi ont une part de mystère que l’on n’arrive pas bien à
percer. Par exemple Vincent Guérin : « Je crois que j'ai deux pieds.
J'ai cette faculté depuis tout petit. » Il n’en est pas sûr, parce que
même s’il semble évident qu’il a deux pieds, nous sommes parfois sujets à des
illusions, et finalement rien n’est certain. Ainsi, nous avons vu les problèmes
que posaient le corps, à présent nous allons voir les solutions pour la pensée.
III/ Du coup il faut construire la pensée autrement
La première
solution, puisqu’on ne peut pas toujours compter sur le corps, c’est de
produire sa pensée tout seul, directement avec son esprit. Apparemment, c’est
la solution qu’a choisie Ribéry lorsqu’il dit : « Moi personnellement, je
me critique moi tout seul. » Son corps devrait être en mesure de se critiquer
lui-même et de se réparer, comme n’importe quel organisme vivant, mais il
préfère s’en remettre à son esprit et faire lui-même son autocritique.
La deuxième
solution est de compter sur autrui pour construire un grand corps collectif :
ainsi, les problèmes d’un corps seront compensés par les corps des autres qui s’additionnent.
Une difficulté reste présente toutefois : il faut réussir à se coordonner,
et ce n’est pas toujours simple. C’est ce qui a été constaté par Charles
Biétry : « On le voit, que les Grecs ont plus envie de gagner que les
Tchèques. Les Tchèques ont envie, mais pas ensemble. S’ils ne réussissent pas à
marquer, c'est qu'ils ne parviennent pas à avoir tous exactement la même envie
! » C’est donc une solution à long terme, puisqu’il faut d’abord apprendre
à avoir la même envie et à coordonner les corps en un grand corps collectif.
Enfin, en cas de
désespoir, il reste toujours la religion. Parfois nous avons l’impression de ne
plus avoir de solution, et si on est quelqu’un d’optimiste, la foi va prendre
le dessus : on va se dire qu’on sera sans doute récompensé plus tard. Et
cela fonctionne pour ceux qui y croient vraiment. Guy Roux l’avait bien remarqué
chez des joueurs : « Ils ont l'bon Dieu dans les chaussures ! »
De tout temps, la foi a été la réponse aux problèmes que l’on ne savait pas
résoudre. Le problème du corps et de la pensée en fait partie, il faut donc
compter sur Dieu.
En conclusion,
nous avons donc vu que la pensée dépend du corps mais pas toujours et qu’il y a
d’autres solutions.