J’ai
récemment exprimé un coup de gueule sur ma page Facebook, au sujet des
exemplaires neufs de mes livres qui ont été mis à la poubelle par un célèbre
distributeur, que nous allons appeler, par soucis de respect de l’anonymat,
Ettehcah Livres*
J’ai
reçu par la suite un certain nombre de messages très sympathiques de lecteurs
outrés qu’on puisse non seulement mettre des livres à la poubelle, mais en plus
des livres neufs, mais en plus des livres que l’auteur voulait racheter pour
pouvoir les envoyer gratuitement à des blogueurs ou même pour les poser dans
une boite à lire.
Voici
donc toute l’histoire depuis le début.
Le
3 juin, j’ai fait une séance de dédicaces à Cultura. Soit dit en passant, cette
journée a été très bonne, j’ai rencontré plein de monde (dont certains qui,
miracle, avaient déjà entendu parler de La
Loi de Gaia !), j’ai dédicacé plein de livres, et le magasin Cultura m’a
même dit qu’ils n’hésiteraient pas à me recommander dans leurs autres magasins
si jamais je souhaitais faire une séance de dédicaces ailleurs. Cultura avait,
en tout, commandé 26 exemplaires de mes romans à mon distributeur Ettehcah
Livres.
A
la fin de la journée, voilà les chiffres des livres qui restaient :
Si la parole était d’or :
5
Masques :
3
La Loi de Gaia : 1
En
tout, 8 exemplaires invendus que je souhaitais donc racheter directement à
Cultura, au prix public, afin d’avoir un petit stock chez moi – en témoignera
le gentil étudiant de Science Po qui m’a accompagnée toute cette journée pour
faire de la pub. En effet, je regrette souvent de ne pas avoir de stock chez
moi, surtout depuis que j’habite à deux pas d’une boite à lire où j’aimerais
bien pouvoir en poser un tous les jours – si j’avais les moyens d’en acheter
autant, bien sûr ! Je ne les ai pas rachetés tout de suite, parce que les
vendeurs présents m’ont dit qu’ils voudraient sûrement en garder en rayon, puisque
les ventes de la journée avaient été bonnes. Je suis donc repartie, en me
disant qu’au pire, les exemplaires en trop seront renvoyés à Ettehcat, et que
je pourrais toujours les racheter plus tard.
Grossière
erreur car, quelques jours plus tard, je constate que mon imprimeur me facture
la production inutile de 8 exemplaires. J’ai immédiatement compris que pour qu’on
puisse me facturer la production d’un livre non vendu, c’était qu’il avait dû
être détruit. Effectivement, je contacte l’imprimeur, non pas encore pour me
plaindre, mais tout simplement pour demander s’il est encore possible de
récupérer les exemplaires qui, de toute évidence, ne seraient pas gardés.
Réponse
rapide : non, c’est impossible, parce que les livres ont déjà été détruits
(euphémisé dans la profession par l’expression « mis au pilon »). Et
pourquoi ? Parce que c’est la
procédure. Ceci suivi de toute une liste de conseils pour m’apprendre à
gérer mes futures séances de dédicaces pour qu’on ne jette pas les livres. Ah
oui, bientôt, ça va être ma faute. Bon, la personne qui a répondu à mon mail n’avait
visiblement pas bien compris mon problème, qui n’était pas vraiment une
histoire commerciale, mais un dégoût profond pour une pratique qui consistait à
jeter des livres neufs ; j’avais même terminé mon mail en disant que s’il
était impossible de récupérer les exemplaires, ils ne me verraient plus très
longtemps chez eux.
Malheureusement,
à part cet incident qui concerne bien plus le distributeur Ettehcat que l’imprimeur,
j’ai toujours été satisfaite de cet imprimeur, j’aurais donc été un peu déçue
de m’en aller. Je n’ai pas retiré mes livres de la vente, j’ai trouvé une autre
solution qui n’est peut-être pas pleinement satisfaisante mais qui fera l’affaire
pour l’instant : j’ai baissé drastiquement le prix de mes romans au format
numérique, qui sont désormais tous à 0.49 euros. Un prix attirant, parce que le
distributeur Ettehcat ne gagne de l’argent que si les livres sont achetés au
format papier. J’espère donc que tous mes lecteurs se précipiteront plutôt sur
le format numérique, même si c’est moins agréable à lire pour certains, que sur
les livres papiers. Bien sûr, comme vous vous en doutez, je ne gagne que
quelques centimes symboliques sur la vente d’un livre maintenant, mais puisque
mon projet était d’abord de les supprimer complètement, peu importe. Je ne
pourrai certainement jamais me rembourser les livres détruits que j’ai, en plus,
dû payer, mais bon, c’est comme ça.
Une
fois l’année écoulée, et mon contrat de distribution avec Ettehcat Livres
terminé, nul doute que les livres papier seront retirés de la vente. Je sais
que c’est triste, mais je veux éviter à tout prix qu’un distributeur immense
qui se permet de mettre des livres neufs à la poubelle gagne encore de l’argent
grâce à moi.
Je
ne vais pas vous interdire d’acheter des livres au format papier, c’est sûr.
Seulement, je le dis maintenant, passez plutôt directement par la librairie Bookelis.
C’est le seul moyen pour qu’Ettehcat ne voie pas la couleur de la vente. Mais les
frais de port sont hallucinants, alors je pense que vous allez vite renoncer à
cette idée.
Je
remercie tous ceux qui m’ont écrit pour apporter leur soutien et surtout exprimer
leur indignation.
*Je
sais bien que ce « respect de l’anonymat » est d’une hypocrisie la
plus totale et que vous savez très bien qu’en fait, je parle d’Hachette Livres.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire