J’espère que
tout va bien pour vous qui avez passé le bac ce matin. Je suis sûre que vous
avez réussi, pas de panique ! Et pour vous le prouver, voici quelques copies
spéciales Euro 2016.
Dites-vous donc
une chose : ce matin, vous avez forcément fait mieux que moi !
Le désir est-il par nature illimité ?
Le désir est un
problème. Le désir le plus partagé en ce moment est de gagner la Coupe d’Europe,
et c’est un désir illimité. Le problème, c’est que les autres pays ont aussi ce
désir illimité et c’est pourquoi nous faisons des matchs pour décider qui a le
droit de gagner et de satisfaire son désir. Nous nous demanderons donc ce qu’il
faut faire quand on a un désir illimité. D’abord, nous verrons la définition du
désir et pourquoi il est illimité, ensuite les problèmes que pose le désir
illimité et enfin les solutions.
I/ La définition du désir et pourquoi il est toujours
illimité
Une bonne
définition du désir et de l’expérience du désir est sans aucun doute cette
exclamation de Ribéry : « J’espère que la routourne va vite tourner » : il
n’est jamais satisfait de ce qui se passe dans le présent, il lui faut toujours
changer de voie, c’est illimité. Et c’est exactement ce qui se passe dans le
désir. Quand on désire, on veut que les choses soient autrement qu’elles ne
sont. Si la France avait perdu son premier match, elle voudrait donc que la
routourne tourne vite pour pouvoir se rattraper, sinon elle sera frustrée parce
que le désir n’aura pas été satisfait.
Par ailleurs,
Ribéry montre clairement le caractère illimité du désir, en tant qu’il n’arrive
même pas à l’exprimer : « J’ai qu’ça qu’à dire ! ». Le désir est
infini à un tel point qu’il n’entre même pas dans les catégories du langage
humain. Il est aussi infini dans un autre sens, une objection que l’on pourrait
d’ailleurs faire à Ribéry puisqu’il n’a pas pensé à cet aspect précis de l’illimité :
puisqu’il est illimité, il n’a pas de bornes, pas même celles de la
non-contradiction. Il y a, au contraire, plein de contradictions dans le désir,
et c’est justement ce que regrette amèrement José Mourinho quand il remarque :
« Des fois nous voyons des personnes jolies sans cerveau, d’autres fois
des personnes moches qui sont intelligentes, comme les scientifiques. Sur notre
pelouse, c’est un peu comme ça ! » Cela nous permet d’enchaîner sur la
question des problèmes que posent les désirs illimités.
II/ Les problèmes que posent les désirs illimités
D’abord, certains
désirs sont impossibles à réaliser. Si, par exemple, on veut manger du
saucisson, mais que le supermarché est fermé, il faut trouver son saucisson
ailleurs. Mais parfois c’est impossible, et c’est bien ce que soutient Louis
Nicollin : « On va pas se couper le cul en rondelles pour faire du
saucisson. » Bah non. Parce qu’après on ne pourra plus s’asseoir à table
pour manger le saucisson, et ce serait embêtant. Mais le désir est
insupportable en ce sens, qu’on ne sait jamais quelle décision on doit prendre.
L’autre problème
des désirs, c’est qu’ils peuvent être contradictoires, ce que l’on a déjà
évoqué avec José Mourinho. Chacun a des désirs illimités, mais ces désirs ne
sont pas les mêmes que les autres, et alors c’est difficile de réaliser son
désir puisque les autres s’y opposent. C’est bien le problème qu’a connu la
République Tchèque lors de son match contre la Grèce retranscrit par Charles
Biétry : « On le voit, que les Grecs ont plus envie de gagner que les
Tchèques. Les Tchèques ont envie, mais pas ensemble. S’ils ne réussissent pas à
marquer, c'est qu'ils ne parviennent pas à avoir tous exactement la même envie
! » Autrement dit, quand le désir en question est, comme c’est le cas
actuellement, la victoire à l’Euro, il faut se coordonner sur le désir, mais c’est
très difficile.
Enfin, une
troisième difficulté vient du fait qu’on ne sait pas forcément ce qu’on désire,
ni ce que désirent les autres, puisque le désir est illimité et qu’on peut
désirer n’importe quoi. Par exemple, si Ribéry admet bien qu’il « pense qu’on
espère de gagner contre le Portugal », de quel droit parle-t-il au nom des
autres ? Peut-être que ses coéquipiers n’espèrent pas gagner, et alors ce
sera difficile de jouer le match avec eux. Mais bon, c’est là tout le problème
du désir ! C’est pourquoi nous devrions, en troisième partie, chercher des
solutions.
III/ Les solutions aux problèmes du désir illimité
On a donc vu
trois problèmes qui étaient : les désirs impossibles à satisfaire, les
contradictions et le fait qu’on ne sait pas toujours ce qu’on désire. Pour ces
trois problèmes, heureusement, il existe une solution commune : il vaut mieux
oublier son désir et choisir un autre mode de vie, par exemple le réalisme. Le réalisme
est notamment la position de Charles Biétry, qui affirme avec certitude : « C'est
toute l'efficacité de la puissance du réalisme. » Le désir aussi est
puissant, certes, mais dans le mauvais sens. Le réalisme est donc une bonne
idée.
Et finalement, la
solution la meilleure serait peut-être d’accepter les choses comme elles sont
et d’aimer le destin, de s’aimer soi-même aussi, sur le modèle du grand
stoïcien Déhu : « On est mauvais, mais qu'est-ce qu'on rigole ! »
Donc peu importe si on ne gagne pas l’Euro, le plus important est de rigoler.
Travailler moins, est-ce vivre
mieux ?
On peut croire
qu’on serait mieux si on n’avait pas besoin de travailler. Mais réfléchissons :
qu’est-ce que vivre mieux ? C’est sans aucun doute savoir qu’on est
champion d’Europe, ce qui nous donne de la joie et nous permet donc d’être
mieux. Et il semble bien qu’il soit impossible d’être champion d’Europe si on
ne travaille pas. Est-ce qu’il vaut mieux travailler ou pas ? Nous verrons
dans un premier temps que travailler, c’est difficile ; ensuite, nous nous
demanderons si travailler plus ne peut pas nous permettre de mieux gagner ;
enfin, nous montrerons qu’il faut apprendre à tout son corps à travailler à sa
place pour plus avoir besoin de travailler et gagner quand même
I/ Travailler, c’est difficile
La difficulté du
travail est une évidence, et elle est longuement développée au cours des
interviews de Franck Ribéry. L’idée même qu’il va falloir travailler plus le
terrifie, lui qui n’hésite pas à dire : « Maintenant, il faudra faire
avec sans Zizou » donc travailler plus, et ce sera difficile, parce que
Zizou lui permettait de travailler moins, avant, et donc de vivre mieux sur le
terrain. A présent, Ribéry constate qu’il est contraint de faire des efforts
terribles pour obtenir le même résultat : « J’ai couru jusqu’à ce que
je pouvais » : mais s’il avait pu s’arrêter avant, il aurait été
mieux, et courir, c’est son travail.
Ce qui est
encore plus difficile, c’est de non seulement devoir travailler, mais aussi de
s’occuper tout seul des problèmes du travail. C’est pourquoi le foot est un
travail beaucoup plus difficile que les autres, parce que les autres, eux, ils ont la sécurité
sociale. Mais Thierry Roland nous apprend que : « La défense de
l’Uruguay, c’est pas la Sécurité sociale ! » Un autre problème déjà
abordé par Ribéry est bien évidemment la fatigue : travailler, c’est
fatiguant. Comme il le dit si bien : « Inconsciemment, il faut pas s’endormir. »
En effet, non seulement on risque de s’endormir si on travaille trop, parce qu’on
est trop fatigué, mais en plus, ce serait dangereux puisqu’on risquerait alors
de ne plus pouvoir travailler, puisqu’on dort.
Comment donc s’en
sortir avec tout ce travail ? Il ne faut pas oublier pourquoi on
travaille. Evidemment, on ne peut pas tout réussir, mais c’est le cas de tout
le monde. Suivons donc le judicieux conseil de Fernandez : « En
compétition, il y a toujours un premier et un dernier. Mais l’important est de
ne pas être le second de soi-même. » Toutes ces remarques nous font bien
comprendre pourquoi, quand on parle du travail, on ne peut que s’exclamer avec
Ribéry : « On a dur, franchement on a dur. » Après ces
remarques, il convient donc de s’interroger sur l’intérêt du travail : à
quoi ça sert de travailler plus ?
II/ Mais travailler plus, ça permet de gagner parfois
Mais si on ne
travaille pas assez, on risque de rater des occasions et le regretter après. C’est
bien l’état d’esprit que doit avoir le Brésil, comme le suppose Marc Desailly
en remarquant que « Le Brésil aurait gardé la Coupe du monde s’ils avaient
été au bout. » Et encore une fois il y a deux ans, ils auraient peut-être
gagné aussi s’ils n’avaient pas perdu 7-1. Et ils n’auraient pas perdu 7-1 s’ils
avaient travaillé plus. CQFD.
A force de
travailler, on peut même réussir des choses qui avaient pourtant l’air
impossibles. Par exemple, il est très difficile de faire une passe décisive et
on en fait pas beaucoup dans le match, parce que la passe décisif, c’est celle
avant le but, donc sinon il y aurait 7 ou 8 buts dans le match. Pourtant, à
force de travail, on peut réussir des exploits, comme celui que relate Christophe
Dugarry : « C'est la première fois que les Paraguayens arrivent à
enchaîner 7-8 passes décisives ! » Ce qui veut dire qu’ils ont fait un
enchainement de 7 passes dont toutes les passes étaient suivies d’un but, ce
qui est exceptionnel, et sans conteste dû au travail et à leur persévérance.
Mais que
signifie travailler plus ? C’est faire attention à ne pas oublier une
étape dans l’apprentissage. Il ne s’agit pas de se mettre à faire le travail
sans avoir travaillé à l’apprendre avant, parce qu’un travail particulier
suppose une technique qui s’apprend. Donc après avoir étudié la partie théorique
du travail, il faut la mettre en pratique, ce que fait admirablement bien
Vujadin Boskov : « Je pense que pour marquer un but il faut tirer au
but ! » Il y a donc un problème puisqu’à la fois on aimerait bien
arrêter de travailler, et en même temps on veut gagner l’Euro et pour ça il
faut travailler. Comment faire ?
III/ Il faut apprendre à tout son corps à travailler à
sa place pour plus avoir besoin de travailler et gagner quand même
La première
solution est proposée par Keegan, et elle est tellement claire que nous nous
contenterons de la citer : « Les joueurs qui ont 33 ou 34 ans
aujourd'hui auront 36 ans au moment de la coupe du monde si ils ne font pas
attention. » On pourrait croire qu’il faudrait donc essayer de travailler
moins pour ne pas vieillir trop vite et pouvoir jouer la Coupe du Monde. Mais
en réalité, ce que Keegan veut dire, c’est justement qu’il y aurait plus de
travail si on a 36 ans que si on fait attention. Ce qu’il faut, c’est
travailler à ne pas vieillir, le plus possible, ce qui nous permettra ensuite
de faire un match plus facile et donc mieux.
Et tout ça, c’est
encore pire quand c’est le foot, parce que c’est le travail le plus difficile,
qui demande le plus d’efforts, mais on ne peut compter sur rien d’autre pour
gagner parce que, comme le dit Podolski, « le football c’est comme les
échecs, seulement il n’y a pas de dés » : eh oui, il faut tout faire
tout seul, tout décider, on ne peut pas s’en remettre au hasard ! Le plus
important est donc de travailler tout son corps pour qu’il soit capable de
travailler tout entier, comme ça on risquera moins de se tromper dans ce qu’on
a à faire. Mais n’est-ce pas difficile ? Non, parce que Michel Hidalgo a
bien réussi à trouver quelqu’un chez qui « même ses pieds sont
intelligents. » Voilà donc le but à suivre, et la solution pour à la fois
vivre mieux et travailler moins.
Pourquoi avons-nous intérêt à
étudier l’histoire ?
Savoir combien
de fois chaque pays a gagné l’Euro ne va sans doute pas nous permettre de
gagner, il en faut un peu plus quand même. Pourtant, on peut se demander quand
même si ce n’est pas utile de connaître quelques détails qui vont nous permettre
d’aller au moins jusqu’en finale. Nous nous demanderons donc s’il faut étudier
l’histoire de l’Euro ou si ce n’est pas la peine. D’abord nous verrons les
avantages, puis que c’est inutile, puis les solutions.
I/ Les avantages à étudier l’histoire
On va d’abord
montrer que ça peut servir d’étudier l’histoire. En effet, si l’équipe d’Allemagne
étudie l’histoire, ils se rendront compte qu’à chaque fois qu’ils sont tombés
contre l’Italie, ils se sont fait éliminer. Il ne faut donc pas tomber sur l’Italie
cette année, ce qui serait dommage, car on sait que Michel Platini avait fort
bien remarqué que « les allemands quand ils sont mauvais ils vont finale,
quand ils sont bons ils gagnent. » Ils devraient donc essayer de finir
deuxième de la poule, ce qu’ils ne peuvent conclure qu’en étudiant l’histoire,
pour ne pas tomber contre l’Italie avant la finale, en espérant que l’Italie se
soit fait éliminer par quelqu’un d’autre, par exemple la France, en chemin. Parce
que, comme l’a dit Thierry Roland au match France-Allemagne de 1982, « force
est de constater que l’Allemagne, ça n’est ni l’Autriche, ni l’Irlande du Nord. »
C’est ce qu’on ne peut comprendre que par l’étude. Mais nous pouvons aussi
montrer qu’étudier l’histoire est inutile.
II/ L’inutilité de l’étude de l’histoire
Bien sûr, l’étude
de l’histoire peut créer un certain désespoir, quand on constate avec Ribéry :
« On dirait que c’était comme si que y avait rien changé hier. »
Puisque rien ne change, pourquoi se désespérer ? Mieux vaut essayer de
gagner quand même, même si on sait qu’on va perdre si on tombe contre l’Allemagne,
parce qu’à l’inverse du duo Allemagne-Italie, la France n’a jamais réussi à
éliminer l’Allemagne. Connaître l’histoire risque donc de paralyser l’action
bien plus que de nous permettre de gagner cette année. Tout ce qu’on sait, c’est
que si on tombe contre l’Allemagne, on perd. Donc si on voit que le prochain
match est contre l’Allemagne, on va préférer ne pas jouer du tout, ce qui n’a
pas d’intérêt.
Par ailleurs, le
problème est que celui qui connaît l’histoire et mettra en place des stratégies
intelligentes ne sera pas forcément écouté, alors il peut avoir l’impression
lui aussi qu’il n’y a pas d’intérêt à étudier l’histoire. C’est bien le cas de Domenech :
« Y'a des gens qui trouveront que ce qu'on a fait, c'est pas ce qui
fallait faire, et si on avait fait ce qu'ils pensaient qu'on aurait dû faire,
il fallait faire autre chose... » Alors pourquoi étudier l’histoire puisqu’en
fin de compte, il y en aura toujours qui ne seront pas contents ? Mieux
vaut trouver d’autres solutions.
III/ Quelle solution a-t-on donc si on refuse d’étudier
l’histoire ?
D’abord, plutôt
que de se tourner vers le passé, une solution consiste à regarder le présent.
Et plus particulièrement, son propre présent : pas la peine d’étudier
toute l’équipe ou tout le pays, c’est par des progrès individuels qu’on arrive
à un progrès général, comme le soutient Ribéry : « Moi
personnellement, je me critique moi tout seul » Pas besoin de l’histoire
donc pour se comprendre, on peut le faire personnellement et être meilleur
joueur. Pas besoin, en gros, d’essayer d’étudier Zizou !
Autre solution,
peut-être plus ambitieuse, mais utile : prédire l’avenir. Malheureusement,
dans certaines situations, cela peut entraîner des dommages, comme en témoigne
Arsène Wenger : « C'est la faute au match contre la Bosnie en août si
Thierry Henry s'est blessé en avril avec Arsenal ! » S’il n’avait pas
prédit l’avenir, la blessure n’aurait sans doute jamais eu lieu, puisque
Thierry Henry n’aurait pas su qu’il y avait le match contre la Bosnie. Par
conséquent, nous devons plutôt conclure qu’étudier l’histoire est mieux que d’étudier
le futur.
Amusant !
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