Je commencerai par remercier la rédactrice du blog La Sorcière des Mots pour sa chronique sur ce livre, qui m’a immédiatement donné envie, et m’a permis de découvrir un roman d’un intensité que je trouve rarement !
La quatrième de couverture de
Neuroland, écrit par Sébastien Bohler, annonce une histoire autour du
terrorisme : après avoir échoué à faire parler l’un d’eux pour éviter un
attentat, on se demande s’il ne serait pas utile de s’associer avec les
scientifiques du centre Neuroland, qui sont sur le point de découvrir comment
lire dans les pensées. L’avantage de ce synopsis, c’est qu’il ne dévoile rien…
en effet, sur un livre de 600 pages, voilà le résumé des 20 premières : l’histoire
prend un tournant tout à fait différent ensuite. De quoi décevoir certains
lecteurs, j’en conviens, si cette thématique du terrorisme vous intéresse.
Voilà donc le résumé que j’en
ferai, sans en dévoiler trop, mais pour donner une idée de la véritable
histoire. Le roman est épais et complexe, et entrecroise les histoires de trois
personnages principaux. Jacques, celui dont il est principalement question dans
la quatrième de couverture : incapable de torturer un prisonnier détenant
des informations sur un attentat, il se sent coupable des trois explosions qui
ont eu lieu et des enfants morts sur les lieux. Sa quête de la rédemption va
croiser le chemin de Franck, le meilleur élève de son master de neurologie,
assoiffé de pouvoir et vert de jalousie envers son camarade de classe, Vincent.
Vincent, lui, jongle entre sa mère malade, son besoin urgent d’avoir une bourse
pour sa thèse, et son histoire d’amour. Les trois personnages vont convoiter le
centre Neuroland : Jacques pour pouvoir arracher les informations aux
terroristes sans les torturer ; Vincent pour travailler sur la maladie d’Alzheimer,
dont souffre sa mère ; Franck parce qu’il n’y a rien de plus prestigieux et
qu’il pense que tout ce qui est prestigieux lui revient de droit.
C’est une espère de Bon,
brute et truand dans un univers de science-fiction : le bon Vincent,
la brute Jacques, le truand Franck. Tout cela traversé de questions politiques
des plus intéressantes : peut-on contourner la loi quand c’est nécessaire ?
Le principe de précaution est-il toujours bon ? Et, plus en profondeur,
des dilemmes moraux : faut-il respecter le devoir de ne pas torturer à
tout prix, ou peut-on se permettre un calcul utilitariste ? Le pardon
est-il possible, voire permis, face à des enfants tués sous les bombes ? Et
surtout, de façon insidieuse et imperceptible, on voit comment un Etat de Droit
commence à plonger dans le Totalitarisme, avec l’approbation des dirigeants et
de la population…
Malgré sa complexité, Neuroland
se lit très vite : j’avais je n’ai eu autant envie – non, besoin !
– de connaître la fin. Besoin, car lorsqu’on voit passer de telles magouilles,
dans le domaine politique comme le domaine privé, on a besoin de savoir
que les méchants seront punis à la fin. On a besoin de savoir que dans ce
monde, qui produit des individus aussi monstrueux, il y a une justice. Non seulement
je recommande vivement ce livre… mais pour une fois, je vais même affirmer que
je vais lire d’autres livre de cet auteur !