Souvent
je lis cette remarque ridicule, voire absurde, sur les groupes de lecteurs ou
d’auteurs autoédités sur les réseaux sociaux : « Aujourd’hui tout le monde écrit, mais personne ne lit. » Ah. A
mon avis, quelqu’un qui ne lis pas ne peux pas écrire bien. Donc ceux qui
écrivent lisent. D’ailleurs, ce serait étrange de prétendre que quelqu’un qui
aime écrire n’aime pas lire à côté de ça. Alors, pour participer à la
destruction de ce préjugé, je vais vous présenter les livres que j’ai lus ce
mois-ci. Et peut-être les mois suivants aussi, si j’ai le temps. Comme ça vous
verrez bien qu’un auteur lit… et même ce
qu’il lit.
Ce
mois-ci j’ai lu trois livres, je vais dire un mot sur chaque, en partant de
celui que j’ai le moins aimé jusqu’à celui que j’ai préféré. Pour garder le
meilleur pour la fin. Alors, je commence… prêts ?
Le cercle secret
de L. J. Smith
C’est quoi ce caca ? Bon,
voilà, c’est à peu près ma réaction après l’avoir lu. J’ai trouvé ce livre dans
la boite à lire de Nancy. J’aime bien lire la littérature adolescente, parce
que certains livres sont très bons et soulèvent des questionnements
intéressants, par exemple sur le bonheur, la religion, voire la politique. Et
ça me permet dans parler dans mes cours. Mais franchement, ce truc-là…
Bon,
revenons au début : le résumé annonce l’histoire d’une jeune fille qui se
fait une grande amie dans son nouveau lycée, et tombe malheureusement amoureuse
du petit ami de cette dernière. Amour interdit, qui va être scellé par un
pacte, de telle sorte qu’au moindre écart, une malédiction se déchainera sur
elle.
Voilà,
je vous ai tout spoilé. Désolée, je me suis contentée de répéter ce qui est sur
la quatrième de couverture. Mais le garçon en question apparaît à la page 200,
sur 260 pages de livres, et le pacte magique se fait vers la page 250.
Bon,
certes, ce n’est pas parce que l’éditeur est stupide et a spoilé le livre que
le livre est nul pour autant. Mais voilà de quoi ça parle vraiment, en fait :
c’est une fille qui arrive dans son nouveau lycée, et qui passe son temps à
croiser des gens incroyablement sexys. En gros, c’est un peu un défilé de mode,
comme livre. Tout le monde il est beau, tout le monde il est sexy, mais bien
sûr plus on est sexy (plus on est habillée comme une p*** avec forte poitrine
et maquillage), plus on est méchant ; et plus on a une beauté naturelle,
plus on est gentil. Au secours les
clichés. Ceux qui me connaissent un minimum savent en plus que je supporte
très mal ce genre de raccourcis – qu’on peut appeler préjugé, non ? Voilà,
donc la fille a que des camarades sexys, et dans l’ensemble qui ne l’aiment
pas. Résumé beaucoup moins attrayant que celui de la quatrième de couverture,
je vous l’accorde, mais qui spoile beaucoup moins…
Emulsion
de Vanaly Nomain
Tout
de suite, on change de registre, et on change de niveau. C’est un livre comme
il devrait y en avoir plus, et un livre qui justifie mon combat acharné pour la
reconnaissance de l’autoédition. Parce que c’est un livre instruit,
intelligent, qui apporte une vision du monde – vision que je n’ai pas du tout
aimée. Non, je n’ai pas aimé les interrogations que posaient ce livre, et je
préfère d’ailleurs les livres qui posent des questions et font réfléchir plutôt
que ce qui apportent des réponses. Pour ce livre, je n’ai pas du tout aimé ce
sur quoi il nous pousse à réfléchir. Je n’aime pas les discours défaitistes sur
le monde actuel, ce qui est très
personnel de toute façon donc ne mérite pas que je m’y étende.
Et
qu’est-ce que ça peut faire, de toute façon ? Ce n’est pas mon goût
personnel qui va déterminer la qualité d’un livre. Donc oui, je l’affirme et
c’est possible, je n’ai pas aimé mais c’est un excellent livre dont je
recommande chaleureusement la lecture parce qu’il mérite d’être connu.
D’ailleurs, comme je l’ai dit dans mon article Comment aider les auteurs indépendants quand
je pense qu’un livre autoédité mérite d’être connu, je l’achète au format
papier. Alors, c’est fait, je l’ai acheté au format papier.
C’est
donc un livre fantastique, où le fantastique est présenté comme scientifique et
crédible. C'est extrêmement pertinent et bien renseigné. L’histoire est
extrêmement bien construite et correspond en plus parfaitement à mes goûts (et
comme la forme compte beaucoup plus que le thème dans mes critères, ça justifie
le fait que je l’ai adoré malgré tout) : je me suis longtemps demandé où
l’auteur voulait en venir, pour me rendre compte finalement à la fin que tout
était parfaitement agencé et que l’histoire formait un tout. Il y a une suite,
et j’ai tendance à ne pas aimer les suites, surtout quand un roman me semble
aussi complet que celui-ci : la fin était parfaite, l’histoire complète,
mais évidemment, je lirai le deuxième tome dès sa sortie.
Dracula
de Bram Stoker
Et
mon coup de cœur va à… Dracula. Je
dis bien « coup de cœur », parce que ce n’est pas seulement le
meilleur sur les trois livres que j’ai lu ce mois-ci, il m’a tout simplement
fascinée. Ça faisait des années que je n’avais pas été portée par un livre
comme ça. Ne comprenez pas « portée » au sens de l’évasion, vous
savez, surtout depuis que j’ai écrit Contre la mode de l'originalité que
je trouve inquiétante cette tendance à l’évasion. J’avais du mal à lâcher le
livre, que je trouvais très addictif. Mais c’est vrai que j’ai un gros faible
pour les romans qui partagent les points de vue entre plusieurs personnages,
alors forcément, un roman épistolaire de ce style ne pouvait que me plaire. En
plus, j’ai vraiment adoré la construction ; certains trouveront sans doute
ce livre très long, parce qu’il
tourne autour de deux événements principaux, il est centré en fait sur deux
personnages plutôt secondaires (les deux femmes, Lucy puis Mina), deux
événements sur lesquels s’accumuleront les pensées de trois, quatre, cinq
personnages principaux (en incluant les deux femmes).
Même
si ça m’a fait penser aux Liaisons
dangereuses, qui font partie de mes dix livres préférés ce
n’est quand même pas du même niveau. Le changement de style grandiose qu’il y a
entre les personnages des Liaisons
dangereuses n’existe pas ici, où c’est beaucoup plus uniforme, mais faire
un roman épistolaire avec du fantastique est tout de même une idée géniale, et
donne à l’histoire un effet réel qu’elle n’aurait pas eue avec un récit plus
habituel. Dracula, je ne l’avais pas
lu, et j’ignorais ce que c’était vraiment. Je ne regrette absolument pas de
l’avoir enfin découvert dans ce qu’il était vraiment un l’origine, un mythe qui
méritait d’avoir une telle répercussion par la suite.